Les journalistes russes, et ceux de RT-FakeNews plus
précisément, n’en sont pas encore revenus. Rick Perry, ancien gouverneur du
Texas, très “texan” et ami des pétroliers, devenu le secrétaire à l’énergie
(comme ça se trouve) de Trump, rencontrait hier son homologue russe à Moscou.
Il y eut une conférence de presse dont personne n’attendait grand-chose ;
sauf qu’un journaliste de RT eut l’outrecuidance de lui poser une question
sacrilège, du type “vous reprochez à la Russie, soi-disant d’utiliser
sa politique énergétique dans des buts politiques, mais vous-même que
faites-vous avec l’Iran ?”.
La conférence de presse prit aussitôt un tour
inattendu, Perry se dressant comme la statue du Commandeur, les
pieds sans doute bottés (un Texan) fermement posés sur cette terre russe
chargée de tant d’infamie... Le journaliste de RT qui nous
rapporte son aventure ne peut s’empêcher de glisser l’une ou l’autre
tournure de phrase qui trahit un certain agacement de dérision.
« Une conférence de presse de routine
du secrétaire américain à l’énergie et du ministre russe de l’énergie a, de
manière surprenante, donné lieu à une conférence sur la supériorité et
l’exceptionnalisme de Washington. Le secrétaire américain à l’Énergie, Rick
Perry, a réagi soudainement à une question d’un journaliste de RT sur la
contradiction apparente entre les accusations américaines contre la Russie et
son utilisation présumée de la politique énergétique comme outil politique et
les menaces de Washington de ramener les revenus pétroliers iraniens à “zéro”.
» Au lieu de considérer cette question,
Perry, qui s’était entretenu avec le ministre russe de l’énergie, Aleksandr
Novak, a préféré expliquer que les États-Unis se
trouvaient dans une position unique leur permettant d’imposer leur volonté à
d’autres pays, que l’Iran en fait partie de ces pays et qu’il
faut donc naturellement qu’il s’exécute. “Le message à l’Iran est que nous
attendons d’eux qu’ils soient des voisins acceptables, des membres acceptables
de la société”, a déclaré Perry, ajoutant que ce n’est pas seulement la volonté
de Washington mais aussi celle de “certains voisins de l’Iran”.[...]
» Perry a ensuite déclaré que pratiquement
tous les pays ont des “responsabilités à l'égard de leurs actions dans le
monde” en tant que “citoyens mondiaux”. Apparemment et pour être plus précis,
il apparaît que “ces responsabilités” consistent à suivre les avis des
dirigeants américains. Ainsi a-t-il carrément affirmé aux journalistes
présents : “Nous attendons du gouvernement iranien qu'il respecte ce que
nous considérons comme une activité civilisée”.
» Alors qu’il avait apparemment fini
d’expliquer les fondements supposés de la politique mondiale dans
l’interprétation de Washington, Perry s’est mis à émettre de nouvelles
menaces : “Le message au gouvernement iranien est clair : si vous ne
pouvez pas… participer en tant que citoyen raisonnable, il y aura des sanctions
qui vous coûteront cher...”
» Perry a ajouté que “les États-Unis sont aujourd'hui en mesure
d'envoyer aux pays qui ne se conduisent pas de manière civilisée un message
exprimant qu’il faut qu’ils s’attendent à être punis”. Il ne s'est pas
arrêté là et a lancé un autre avertissement en disant qu'il y a “beaucoup de
manières différentes” d'infliger des sanctions, et que les sanctions contre le
secteur énergétique ne sont que “l'une de celles-là”. Tout cela étant dit,
Perry ne s’est jamais attaché à tenter de trouver une réponse à la
question qui lui avait été posée. »
Cette intervention de Perry est remarquable, certes,
mais elle n’est pas isolée et ce n’est certainement pas un “écart” personnel.
Dans l’esprit de la chose, elle fait irrésistiblement penser à celle d’un
haut-fonctionnaire du département d’État, Wess Mitchell, à la fin août. Elle
avait donné lieu à un texte de Sergei Latichev, dont nous avions donné la
version anglaise avec un long commentaire, le 2
septembre. Nous profitons de cette circonstance (Parry) pour donner la
version française, traduite par Le Sakerfrancophone et
publiée ce
14 septembre.
Dans son titre, Le Saker francophone parle
de “pathologie” pour définir les propos de
Mitchell, et la chose est complètement appropriée. Pour notre compte,
nous avons souvent développé cette thèse, en l’appuyant notamment sur les
spécificités extraordinaires de la psychologie américaniste,
qui sont l’inculpabilité et l’indéfectibilité, qui s’acquièrent d’autant plus
aisément lorsqu’on constate l’extraordinaire consigne de conformisme qui
préside à la formation des jeunes citoyens américains. Par conséquent, on peut
admettre que Perry, à son tour, montre des signes de cette pathologie qui fait
exposer crûment, sans la moindre précaution de quelque sorte que ce soit, la conception absolument totalitaire de l’exceptionnalisme
américaniste, tout entier appuyé sur la force.
Il faut observer que ce caractère rencontre assez bien
celui de Trump dans ces matières où la force s’exprime par la pression
politique convoyée par des mesures commerciales, financières et économiques. On retrouve là la conception “des
affaires” des businessmen US, basée sur la violence, la
pression, le cynisme et, éventuellement puisque l’époque s’y prête,
les formules creuses dont l’avantage est qu’elles renseignent parfaitement sur
la situation, – puisqu’il suffit d’en comprendre le contraire. En effet, lorsque Perry parle de “civilisation”,
dont il est la représentation achevée en tant que citoyen américain, et
ministre de surcroit, il faut
comprendre “barbarie”
et tout est dit...
L’intérêt de cet épisode est de nous informer un peu
plus que nous ne le sommes sur l’administration Trump, comme sur Trump
lui-même. Dans ce cas (celui de Perry), le ministre US ne fait pas partie de
l’habituelle cabale neocon et hyper-faucon, comme dans
l’équipe de sécurité nationale. C’est un personnage plutôt proche
de Trump comme position politique, culturelle et sociale, et on peut
croire alors, comme on le dit à propos du caractère, qu’il agit sans guère de
doute comme Trump le ferait lui-même s’il était dans sa position.
Cela implique essentiellement le constat que le
pendant de cette attitude en politique extérieure pourrait
effectivement se trouver dans la brutalité et le cynisme actuels, notamment dans
l’affaire syrienne, qu’on attribue en général à l’équipe neocon de
Trump (Bolton, Pompeo, Haley), contre le gré de Trump. Du coup, on est conduit
à nuancer le jugement sur Trump et à considérer son
non-interventionnisme initial (exposé durant sa campagne présidentielle) plus
comme une position tactique que fondamentale, et qu’il peut très bien soutenir
effectivement l’actuelle politique syrienne.
... Certains y ajoutent même des motifs
personnels, mais en affirmant hautement que Trump est désormais
quasiment un neocon. On observera que nous
restons dans la psychologie, et dans la pathologie qui marque nombre de
comportements de businessmen US.
(Il est d’ailleurs assez logique et assez sage de faire de la psychologie
du businessman US en général, purement et simplement une
pathologie.) ... C’est ainsi que le colonel Lang, de Sic Semper
Tyrannis, voit
les choses, ne nous laissant guère d’espoir pour la suite...
« Au point où nous en sommes, même le
partisan le plus fervent de Trump devra admettre qu’il s’agit désormais de la politique de Trump.
Ce n'est pas quelque chose qui a été fait par les néo-conservateurs, l’État
profond, le résistant anonyme ou le fantôme de John McCain sans l'accord de
Trump. Il n’ignore pas ce qui se passe, il n’est pas un vulgaire “gouverneur
Willian J.
LePetomane”. Trump ne s’intéresse peut-être pas beaucoup à Israël, aux
Palestiniens ou à Assad, mais il en a vraiment contre l’Iran ou pour être plus
précis, contre l’accord nucléaire entre Obama et l’Iran. Tout est personnel. La
nouvelle politique syrienne qu’il a énoncée concerne l’Iran. Désormais, il
tweete des avertissements à Assad et à Poutine de ne pas toucher à Idlib.
Il ne pense pas géopolitiquement. Cela devient de plus en plus personnel avec
chaque tweet. Si Poutine et Assad défient les avertissements tweetés par Trump,
comme ils le feront sûrement, il risque de riposter. Et tous ceux qui entourent
Trump vont le pousser. Et bien mes bons amis, nous sommes dans la merde... »
En toutes choses, et malgré le désordre général, ou
plutôt à côté du désordre général qui reflète les concurrences furieuses et les
haines féroces du personnel dirigeant, l’ensemble du pouvoir à
“D.C.-la-folle”, c’est la conception de la politique de force, ou
“idéal
de puissance”, qui guide tous les esprits. (Il s’agit aussi de la
définition profonde de la politiqueSystème,
qui est l’opérationnalisation de l’idéal de puissance, qui règne à
Washington depuis le 11 septembre 2001.). Il n’y a plus aucun frein, plus
aucune mesure, et même les sautes d’humeur interviennent dans le déroulement et
le développement de cette politique, cela d’ailleurs alimentant le désordre
interne de Fin-d’Empire. On comprendra que notre souhait le plus vif doit être
que le désordre se poursuive, que la fracture entre les factions
s’approfondisse sans qu’aucune ne l’emporte sur l’autre... Dans tous les cas,
tout cela rend d’autant plus instructive la lecture (ou relecture en français
grâce au Saker francophone) de l’article de Latichev,
ci-dessous...
_________________________
Pas un complot, juste une pathologie
S’exprimant devant la commission des relations
extérieures du Sénat, l’assistant du secrétaire d’État pour l’Europe et
l’Eurasie, Wess Mitchell, a déclaré que les États-Unis punissent la Russie parce que Moscou
empêche Washington d’établir sa suprématie sur le monde.
Les États-Unis, enfin, ont ouvertement reconnu la
raison de leur lutte contre la Russie et qu’ils n’accepteront, face à celle-ci,
aucune issue autre que sa capitulation, car la suprématie mondiale des
États-Unis est impossible sans un contrôle total de l’Eurasie, que pour
l’instant ils n’ont pas.
Tout cela n’est pas une conjecture pour les « théoriciens
du complot », ni de la « propagande de
Poutine », mais la quintessence de la politique des États-Unis
évoquée par l’assistant du secrétaire d’État pour l’Europe et l’Eurasie, Wess
Mitchell, devant le Comité sénatorial des relations extérieures.
Mitchell a expliqué aux sénateurs que le financement
du département d’État dépend essentiellement de la politique américaine envers
la Russie. Il a qualifié la « reconnaissance que l’Amérique est
entrée dans une période de grande compétition » comme
étant « le point d’appui de la stratégie de sécurité
nationale », après avoir souligné que les précédentes administrations
ne s’étaient pas suffisamment inquiétées de cela et ne s’étaient pas
préparées à vaincre dans cette compétition.
Le haut représentant du département d’État a
souligné : « Contrairement aux hypothèses optimistes des
précédentes administrations, la Russie et la Chine sont des concurrents sérieux
qui se donnent les moyens matériels et idéologiques pour contester la primauté
et le leadership américains au XXIe siècle. »
Et après cela, Mitchell a fait exploser une bombe,
qui, cependant, ne sera pas une surprise pour ceux qui ont compris que la
Russie est déjà dans une situation de guerre hybride avec les États-Unis :
« Il est toujours d’un intérêt primordial pour les États-Unis, en
matière de sécurité nationale, d’empêcher la domination de la masse terrestre
eurasienne par des puissances hostiles. »
Et ici, Mitchell a fait exploser une bombe atomique,
avec de terribles conséquences destructrices, et pas seulement une bombe
ordinaire.
Premièrement, l’établissement
d’un contrôle total sur l’Eurasie est déclaré comme la tâche la plus importante
pour les États-Unis. Une revendication claire est faite en faveur
d’une victoire de la civilisation maritime sur la civilisation
continentale, centre et seul pilier qui soutient la Russie.
Deuxièmement, Washington avance
ouvertement la priorité des exigences les plus strictes de la géopolitique
dans le sens le plus catastrophique (la mer doit inonder la terre).
Troisièmement, un défi est lancé à l’existence
même de la Russie : elle ne peut mettre fin à sa domination
dans sa propre zone géographique vitale qu’en se fragmentant en
petits États fantoches.
Quatrièmement, la Russie est
qualifiée de pays « hostile ». Cela implique qu’une
guerre hybride lui a été déclarée depuis longtemps, guerre que les
Américains, comme Mitchell l’a noté plus tôt, essaieront de gagner. Ainsi, il
reconnaît que les tentatives de Moscou pour parvenir à un accord avec
Washington ne peuvent être entendues que s’il s’agit d’une
capitulation.
Enfin, et cinquièmement,
Mitchell a mentionné les « puissances hostiles » au
pluriel, cela peut seulement désigner l’alliée de la Russie, la Chine,
seule puissance indépendante à la périphérie de l’Eurasie. Les États-Unis
considèrent la Chine comme leur principal concurrent dans les domaines
économique et militaire, qui, à certains égards, est tout aussi puissant que la
menace russe et, à long terme, encore plus dangereux. Ainsi, « empêcher
la domination » de la Chine dans les espaces ouverts de l’Eurasie
implique le même scénario que pour la Russie : démanteler l’Empire céleste en attirant
certains pays qui rivalisent pour attirer l’attention et les faveurs de
Washington, et n’ont pas de prétentions géopolitiques.
Voici l’ampleur de la chose.
Faut-il se préparer à
la troisième guerre mondiale ?
En général, quoi qu’on fasse, Mitchell a déclaré que
les États-Unis se préparaient à un conflit universel, une nouvelle guerre
mondiale et que « l’objectif principal de la politique étrangère
de l’administration est de préparer notre nation à relever ce défi en
renforçant systématiquement les forces militaires et économiques et les
fondements politiques du pouvoir américain ». La voie vers la victoire est la destruction de la
Russie, contre laquelle il faut, selon le plan du Département
d’État, convaincre et unir ses voisins de marcher, au rythme de
Washington et de ses vassaux américains en Europe.
La diplomatie, selon Mitchell, est un élément mineur
dans les relations avec la Russie, ce que les cercles influents de Moscou refusent obstinément de
reconnaître, car ils ont l’illusion de pouvoir « s’entendre »
avec Washington sur autre chose qu’une capitulation. Le haut représentant
du Département d’État a clairement indiqué que « notre politique
russe repose sur la reconnaissance du fait que pour être efficace, la
diplomatie américaine envers la Russie doit être soutenue par un pouvoir
militaire inégalé et pleinement intégré à nos alliés et à tous nos instruments
de pouvoir ».
Mitchell se vantait que, depuis un an et demi –
lorsque, ajoutons-nous, “l’agent russe” Donald Trump était déjà à la
Maison-Blanche – les États-Unis ont obtenu des alliés de l’OTAN une
augmentation de $40 milliards des dépenses militaires et pratiquement
tous les objectifs politiques « … dans ce sens, y compris la
création dans le cadre de l’alliance de l’Atlantique Nord de deux nouveaux
commandements, la mise en œuvre de préparatifs de guerre hybride et des
initiatives pluriannuelles majeures pour renforcer la mobilité, la préparation
et les capacités de l’Alliance ». De plus, ici, il s’agit manifestement
d’agression et non de défense. Et il ne s’agit pas seulement des
pays de l’OTAN.
Le discours de Mitchell révèle que les
États-Unis considèrent leur politique à l’égard de la Russie en rapport avec
des catégories militaires : « Nous avons mis un accent
particulier sur le renforcement des États en première ligne les plus
sensibles à la pression géopolitique russe. En Ukraine et en Géorgie,
nous avons levé les restrictions imposées par l’administration précédente à
l’acquisition d’armes défensives pour résister à l’agression territoriale
russe. ». Le Caucase, la région de la mer Noire, même l’Europe
centrale sont qualifiés par Mitchell de zones de combat géopolitique
contre la Russie, en compétition pour gagner « les
cœurs et les esprits ».
Et, selon lui, le département d’État américain se
trouve en première ligne : les cinquante missions diplomatiques
américaines en Europe et en Eurasie « développent, coordonnent et
exécutent des plans d’action sur mesure pour repousser les opérations
d’influence russes dans leurs pays hôtes ». À cet égard, les Balkans
méritent une mention spéciale, où « la diplomatie américaine a
joué un rôle de premier plan dans la résolution du différend concernant le
conflit sur le nom du pays entre la Grèce et la Macédoine et en
s’engageant avec la Serbie et le Kosovo pour promouvoir le dialogue mené par
l’UE ».
Il est peu probable que des personnes sérieuses aient
le moindre doute quant à l’instigateur de la crise entre la Russie et la Grèce
et que ce n’est pas du tout parce ce que les diplomates russes ont essayé de
perturber la compréhension mutuelle entre Athènes et Skopje, en utilisant
parfois à cette fin « des espions en soutanes ». La
représentante officielle du ministère russe des Affaires étrangères, Maria
Zakharova, par exemple, a directement accusé les Américains d’être les
créateurs du scandale diplomatique en déclarant : « Nous savons
tout ». Et maintenant, c’est aussi Mitchell qui a confirmé que
c’était le Département d’État qui avait tout fait, et non le méprisable Premier
ministre grec, Alexis Tsipras, qui s’est simplement joint à
l’ennemi de la Russie.
Vaincre économiquement
la Russie
Selon Mitchell,« en concert »avec
ces efforts visant à briser la Russie, les États-Unis provoquent toute une
série d’événements de nature économique : 217 entités physiques et
juridiques russes sont sous le coup de sanctions, six missions diplomatiques
sont fermées, « 60 espions ont été expulsés du sol
américain »et le Département d’État se« coordonne de manière
étroite et efficace avec les alliés européens ». Au fait, Mitchell a admis
involontairement pour quelle raison les services de renseignement anglo-saxons
avaient besoin de « l’affaire Skripal »et qui avait
organisé cette provocation.
Le haut représentant du Département d’État s’est
déclaré satisfait du déroulement de la guerre économique avec la
Russie : « en moyenne, les entreprises russes
sanctionnées » perdent environ un quart de leurs revenus
opérationnels, l’évaluation totale des actifs a été divisée par deux obligeant
les entreprises à réduire leurs effectifs d’un tiers. Selon les
estimations des experts du département d’État données par Mitchell, « nos
sanctions, cumulativement, ont coûté au gouvernement russe des dizaines de
milliards de dollars, en plus de l’impact plus large sur les secteurs publics
et l’effet paralysant des sanctions américaines sur l’économie russe ».
Mitchell a évoqué la situation de la société RUSAL, ainsi que les attaques
contre le rouble russe, qui a fortement perdu de sa valeur pour cette raison,
comme exemples d’une guerre hybride réussie contre la Russie.
Nous allons les
écraser jusqu’à ce qu’ils capitulent
Cependant, si la Russie cesse de résister à
l’expansion américaine en Eurasie, tout d’abord en Ukraine, puis cesse
également de contrer la politique américaine en Syrie, que Mitchell qualifie d’« agression
russe », et agite le drapeau blanc, alors l’Amérique sera prête à
négocier la capitulation : « Mais dans tous ces domaines, il
appartient à la Russie, et non aux États-Unis, de faire le pas suivant. Notre
politique reste inchangée : faire constamment payer la Russie jusqu’à ce
qu’elle change de cap. »
Il y a quelques moments étranges dans le discours de
Mitchell. En argumentant au sujet de la politique de la Russie, mais
sans pouvoir déterminer en quoi elle consiste, et pour
cause : il impute à Moscou la logique américaine et ses
méthodes de politique étrangère.
Auto-caricature
Voici des citations :
« Notre stratégie est animée par la
réalisation que la menace de la Russie a évolué au-delà de la simple menace
extérieure ou militaire ; elle inclut des opérations d’influence
sans précédent orchestrées par le Kremlin[en réalité fomentées par
Washington, Note de l’auteur] sur le sol de nos alliés et même ici
chez nous aux États-Unis. »
« La menace de l’influence des opérations
russes existait bien avant notre élection présidentielle de 2016 et se
poursuivra longtemps après ce cycle d’élection, le suivant, et le suivant.
Comme le révèlent les récentes purges sur Facebook, l’État russe
a encouragé des voix marginales de la gauche politique, et pas seulement
de la droite, y compris des groupes qui prônent la violence, la prise de
contrôle des bâtiments fédéraux et le renversement du gouvernement américain.
La Russie fomente et finance des causes controversées – puis encourage et
finance les causes opposées à ces dernières. La thèse de Poutine est que la
Constitution américaine est une expérience qui échouera si elle est
contestée correctement de l’intérieur. Poutine veut diviser la République
américaine, non pas en influençant une ou deux élections, mais en
exploitant systématiquement les lignes de faille perçues au sein de notre
société. »
Ayant accusé la Russie moderne d’utiliser les
méthodes « bolcheviques » et « soviétiques » dans
son impasse géopolitique avec l’Amérique, Mitchell a fait de Poutine
le « père »de la doctrine de politique étrangère
américaine depuis longtemps « une stratégie du chaos aux effets
stratégiques ».
Merci, M. Mitchell, pour votre franchise.
Globalement, cela vaut la peine d’être
reconnaissant à l’éminent employé du département d’État. Mitchell a non
seulement décrit les objectifs de la politique étrangère des États-Unis, mais a
également révélé les méthodes que Washington entend utiliser pour les mettre en
pratique. Il a montré à tous ceux qui sont prêts à regarder la vérité en face
le danger effrayant que les États -Unis représentent pour le reste du monde et,
avant tout, pour la Russie.
Sergei Latichev
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.