Le Pentagone a confirmé qu’il a,
pour la première fois, armé certains de ses sous-marins avec des missiles
nucléaires à longue portée qui ont un pouvoir de destruction plus faible par
rapport aux ogives existantes. Ces « mini-nukes » représentent – malgré un nom
évoquant une capacité de destruction moindre – un risque accru de guerre
nucléaire.
L’ogive W76-2 nouvellement déployée
et montée sur le système de missiles Trident aurait un rendement explosif de
cinq kilotonnes, soit environ 1 % de la W76-1 existante. L’arme supposée à
faible rendement est néanmoins un instrument de destruction massive colossale,
équivalente à environ un tiers de la puissance de la bombe que les États-Unis
ont larguée sur Hiroshima en août 1945 et qui a tué des dizaines de milliers de
personnes. Ceci donne une idée de l’utilité du « mini-nuke », un missile
apparemment plus facile à utiliser.
Cependant, avec une logique de type
Docteur Folamour, le fonctionnaire du Pentagone, John Rood, a affirmé que le
nouveau dispositif « améliorerait la sécurité des Américains car il éloignerait
le danger d’une guerre nucléaire ». Il aurait également cité l’arme comme un
moyen de dissuasion contre une prétendue agression russe. (Il est regrettable,
voire absurde, que les responsables américains présentent incorrigiblement la
Russie comme un croque-mitaine. Quand vont-ils évoluer ?)
Le Bulletin of Atomic Scientists,
basé aux États-Unis, n’est pas de cet avis. Il affirme que le déploiement de telles armes
augmente en fait le risque d’une éventuelle guerre nucléaire. En effet,
les W76-2 à faible rendement lancés par les sous-marins américains de la classe
Ohio ne pourront pas être différenciés des ogives Trident existantes. Par
conséquent, le risque d’escalade vers une guerre nucléaire totale est accru.
La Russie a également condamné
l’initiative américaine. Sergei Ryabkov, vice-ministre des affaires
étrangères, a déclaré : « Les États-Unis sont en train d’abaisser le seuil de sécurité
nucléaire et d’autoriser la possibilité de mener une guerre nucléaire limitée
et de gagner cette guerre… c’est extrêmement alarmant. »
Le contexte plus large dans lequel
l’administration Trump a dénoncé les traités sur le contrôle des armes est
doublement troublant. L’année dernière, l’administration a abandonné le traité
sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), qui régit l’utilisation
des missiles nucléaires à courte portée, ou tactiques. Jusqu’à présent,
Washington a montré qu’il n’avait pas l’intention de prolonger l’accord New
START avec la Russie régissant les armes stratégiques à longue portée, qui doit
expirer l’année prochaine.
Le déploiement d’armes nucléaires à
faible puissance dans le cadre de l’arsenal stratégique ne manquera pas de
déstabiliser l’équilibre stratégique mondial. Moscou a averti à plusieurs
reprises que Washington tente d’inciter à une nouvelle course aux armements.
Elle souligne que l’annulation des
traités de contrôle des armements et l’arsenalisation de l’espace
extra-atmosphérique par les États-Unis sont la preuve d’un véritable programme
visant à provoquer une insécurité mondiale. [L’arsenalisation de l’espace
désigne le fait de déployer en orbite de véritables armes et non plus de
simples systèmes de soutien des opérations armées au sol. On oppose donc
l’arsenalisation (weapo-nization), en projet, à la militarisation
(militarization). NdT]
Il est tentant de spéculer que les
États-Unis réagissent au développement par la Russie d’armes hypersoniques non
nucléaires qui seraient capables d’échapper à tout système de défense anti-missile.
Moscou maintient que son
arsenal est axé sur une doctrine d’autodéfense et non sur un objectif de
première frappe. En tout cas, il semble que les États-Unis, ayant
réalisé qu’ils étaient perdants face à la Russie dans le développement d’armes
hypersoniques non nucléaires, ont décidé d’élargir leurs options nucléaires.
Cette décision annule des décennies d’engagements déclarés de
non-prolifération.
Il faut également noter que cette
semaine, le Kremlin a révélé
qu’un appel urgent lancé par le président russe Vladimir Poutine aux
cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’ils
convoquent un sommet afin d’aborder la question de la paix internationale a été
ignoré jusqu’à présent par Washington.
Le mois dernier, à un mémorial de
l’Holocauste en Israël, Poutine a réitéré une proposition aux puissances
fondatrices des Nations unies – les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France,
la Russie et la Chine – de consolider les efforts pour renforcer la sécurité
mondiale, la non-prolifération et le contrôle des armes. Cette semaine, le
Kremlin a déclaré que cet appel n’avait reçu aucune réponse des États-Unis (ou
du Royaume-Uni) pour participer à un tel forum.
En outre, le mois prochain verra l’une des plus grandes
manœuvres de guerre de l’OTAN jamais organisées en Europe, avec
notamment un déploiement transatlantique massif de forces américaines. Le
ministère de la défense russe a qualifié cette mobilisation massive comme étant
comparable à une
répétition pour une invasion de la Russie.
Le président Donald Trump
avait précédemment déclaré son aversion pour la guerre nucléaire et avait
appelé à la négociation d’un nouveau traité global de contrôle des armements
entre les États-Unis, la Russie et la Chine.
Toutes les preuves empiriques
montrent que la rhétorique américaine est complètement et lamentablement
détachée de la réalité de ses pratiques menaçantes. Le monde s’oriente vers
plus d’insécurité et de risque d’une guerre dévastatrice. Et la faute de cette
épouvantable dynamique incombe entièrement à Washington.
Source : Strategic
Culture
Via Les
Crises.fr
Toutes les preuves empiriques montrent que la rhétorique américaine est complètement et lamentablement détachée de la réalité de ses pratiques menaçantes.
RépondreSupprimerA un détail près : Trump ne contrôle pas le Pentagone ! Ni l otan
Et poutine ce n est pas normal qu il ne rende pas le pouvoir à son peuple !
Et qu il n y ait aucune alternance politique en Russie ! Les russes étouffent de cette dictature de poutine !
Il faut mettre tous c'est dirigeants en prison pour toujours.
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