Au sommet d’une colline devant le musée d’art situé en
plein cœur du plus grand parc de St Louis se dresse la statue de Saint Louis (Louis IX), roi de France. Le monument dédié à celui qui a donné son nom à cette ville de
Missouri, le roi français Louis IX, représente le roi à cheval, portant
une couronne, un long manteau et une épée dans sa main droite.
Erigée il y a 116 ans à Forest Park, cette statue est l’un des monuments les plus connus de la ville.
Maintenant, un groupe d’activistes veut déboulonner la statue car
Louis IX aurait persécuté les Juifs, supervisé le brûlage du Talmud [1],
publié un ordre d’expulsion contre ses sujets juifs et mené deux armées
de Croisade dans des offensives ratées en Afrique du Nord [Voir ANNEXE ci-dessous].
Alors que les statues des leaders confédérés et d’autres
personnalités critiqués pour leurs actions racistes tombent à travers le
pays, des activistes à St Louis veulent que la statue de Louis IX soit
également retirée. Une pétition lancée la semaine dernière appelle la
ville non seulement à retirer la statue, mais aussi à changer le nom de
la ville.
De leur côté, un groupe de Catholiques locaux défend la statue et un
groupe de manifestants a manifesté en soutien à la
statue samedi.
"L’impossible devient possible" a déclaré Umar Lee, un activiste
local qui a lancé la pétition et qui a également participé à une
initiative pour faire retirer un monument confédéré situé juste à côté
en 2017.
« Nous en sommes à un moment où nous réinventons les choses et aussi,
nous avons un regard sévère sur l’histoire, a-t-il dit. Des monuments
n’existent pas dans le passé. Ils existent dans le présent. Il n’est pas
nécessaire d’avoir un monument glorifiant l’homme afin de reconnaître
l’histoire. Le roi Louis IX restera dans les livres d’histoire quoi que
nous fassions à St Louis ».
La pétition qualifie Louis d' "antisémite enragé " qui a inspiré
l’Allemagne nazie, et l’appel pour le retrait de la statue a reçu des
soutiens juifs.
La rabbin Susan Talve, qui a fondé la Central Reform
Congregation de la ville, a déclaré que la retirer aiderait à faire
avancer la question de la justice raciale aux États-Unis.
« Nous parlons de cette statue depuis longtemps, a-t-elle déclaré,
ajoutant que le retrait de la statue serait « un élément très important
pour reprendre possession de l’histoire, s’approprier les histoires qui
ont créé le racisme institutionnalisé que nous essayons de déconstruire
aujourd’hui. Si nous ne sommes pas honnêtes au sujet de notre histoire,
nous ne serons jamais en mesure de démanteler les systèmes d’oppression
sous lesquels nous vivons ».
Mais comme dans les autres villes où des activistes ont cherché à
faire retirer des monuments, l’effort de retrait a entraîné une réaction
de l’autre camp. Chaque soir, un groupe de Catholiques se
rassemble à proximité de la statue et récite le rosaire. L’une d’entre
eux, Anna Kalinowski, a parlé de la statue comme d’un « remarquable
travail artistique ». Elle a souligné qu’elle vénérait Louis IX comme
« un homme qui voulait vraiment suivre Dieu et voulait vraiment faire ce
qui était juste ». Elle a le sentiment que sa persécution des Juifs
devrait être perçue dans son contexte historique.
« Il voulait que les gens deviennent Catholiques parce que l’Église
catholique pense que quand vous êtes catholique, c’est la façon de
servir totalement Dieu, a-t-elle déclaré. Il croyait en cela de tout son cœur et de toute son âme et il voulait cela pour le peuple juif.
Est-ce que nous pensons maintenant que sa manière de faire les choses
est mal ? Bien sûr. Je veux dire, chacun a le droit d’avoir son opinion à
ce sujet, mais en même temps, nous ne pouvons pas être aussi
catégoriques, nous devons être prudents et regarder le contexte
historique de ses actions ».
Mais Talva a déclaré que même à l’époque du règne de Louis IX au 13e
siècle, il y avait des gens qui pensaient qu’ordonner l’expulsion des
Juifs, brûler leurs textes sacrés et mener les Croisades était mal.
Source : Times of Israel------------------------------------------------------
NOTES de H. Genséric
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ANNEXE
Saint Louis
l'Africain
Le 24 juillet
1270, en l’an 668 de l’Hégire, le roi Louis IX prenait Carthage, alors modeste
citadelle chargée de défendre la grande cité de « Thunes/Tunis ».
Par la seule
conquête de Carthage, Saint Louis mériterait, comme Scipion [a] son lointain prédécesseur, de porter le
titre « d’Africain ». Mais le terme « Aufrique » évoque bien plus que Didon
ou Hannibal [b]: pour un
chrétien d’Occident au xiii e siècle, il s’agit aussi et surtout de
la terre de saint Augustin [c]
et des premiers conciles du christianisme [d].
En posant à double reprise le pied sur la terre d’Afrique, en 1248 et en 1270, Saint Louis a lié son destin à
celui du continent.
Saint
Louis appartient en effet à l’histoire de l’Afrique autant par ses actes que
par les fonctions et les usages de sa mémoire. Le caractère
exceptionnel de sa captivité a créé une situation d’observation mutuelle et un
espace d’échanges potentiels pour lesquels de nombreuses incertitudes
factuelles subsistent cependant. Si le contact n’a pas suscité d’échanges
d’objets ou de transferts culturels, il aura au moins été l’occasion d’un
échange de récits : en abandonnant son corps en Afrique, Saint Louis y a aussi
laissé une part de sa mémoire. Dans les environs de Carthage, on raconte, dans
les années 1830 au plus tard, que le roi ne
serait pas mort de la peste, mais, converti à l’Islam, aurait vécu comme un
marabout, toujours vénéré jusqu’à aujourd’hui sous le nom de Sidi Bou Saïd.
[e]
Ibn Khaldûn
(732/1332-808/1406) consacre à Saint Louis et sa croisade tunisienne un
chapitre peu commenté de la deuxième partie du Kitab al-Ibâr [Ibn
Khaldûn, op. cit. : p. 359-369., qui illustre cependant la connexion qui a
pu s’établir dans la mémoire arabe du rîdâfrans (prononciation en arabe
de Rois des Francs) entre les boghaz du Nil et les collines de Carthage,
entre la prison d’Ibn Luqmân et la mort à Sidi Bou Saïd.
Mais si l’on
s’approche à nouveau du tombeau de Sidi Bou Saïd, un détail risque
d’attirer l’attention du passant trop curieux :
"Un détail
intéressant à signaler ici, est la fleur de lys décorant la clef de
voûte de la baie surbaissée de l’entrée [du tombeau du marabout]. L’origine des
armoiries reste encore obscure et l’on ne sait si les croisés les ont empruntés
aux Arabes, ou ces derniers aux croisés."
Effectivement
présente dans l’héraldique et la symbolique islamique dès le xii e
siècle , la fleur de lys est une effigie en partage, sans qu’il soit
véritablement possible d’en distinguer l’origine . Le petit signe suspendu ne
serait-il pas en revanche la clef de notre investigation ? Une fleur de lys sur
le tombeau d’un marabout n’est-elle pas une sorte de détonateur de légendes ?
C’est en tout cas une pierre dans le jardin du Père Delattre, si fier de
trouver des boucles en bronze en forme de fleur de lys au pied de la colline de
Carthage. Le cadavre de Louis IX repose-t-il aujourd’hui dans le village de
Sidi Bou Saïd ?
Source : Saint
Louis l'Africain, Histoire d'une mémoire inversée, par Yann Potin
NOTES de H. Genséric
[e] On conçoit la fureur des
islamistes tunisiens. Après le coup d’état contre le président légitime Ben
Ali, ils ont agi à la manière de l’État Islamique en Syrie et en Irak. Ils se
sont attaqués à tout le patrimoine historique et culturel du pays, en
commençant par tout ce qui n’est pas conforme à leur secte mortifère assassine.
Ils
ont incendié le mausolée de Sidi Bou Saïd (Saint-Louis) détruisant un
ensemble inestimable de manuscrits, y compris des Corans. Les mêmes islamistes
dirigent aujourd’hui la Tunisie et continuent d’y perpétrer leurs méfaits. En
ce sens, ils rejoignent les
casseurs qui, aux États-Unis, veulent déboulonner la statue de Saint-Louis,
dans la ville de Saint-Louis (Missouri).
Hannibal GENSERIC
Mais faut arrêter les conneries.
RépondreSupprimerDéboulonner dans une concurrence des souffrances du passé n'honore aucune cause.
C'est désespérant.Les Abrutis de tout bord trouvent des prétexte pour vandaliser.
Détruire ne guérit ni de la frustration ni le mal être.
Mais bon toujours plus facile de détruire que de construire...