On parle
d’oligarchies en France, en Amérique et en France. Voyons de quoi il retourne,
car cette notion grecque est vieille comme la lune.
Dans son livre
sur les partis politiques (sixième partie, chapitre deux), le légendaire Robert
Michels reprend (et n’établit pas), à partir des théoriciens Mosca et de Taine,
sa thèse sur la loi d’airain des oligarchies. Et cela donne, dans
l’édition de 1914 :
« Gaetano
Mosca proclame qu'un ordre social n'est pas possible sans une « classe
politique », c'est-à-dire sans une classe politiquement dominante, une classe
de minorité. »
Michels indique
aussi, sur la démocratie et son aristocratie parlementaire ou intellectuelle :
« La
démocratie se complaît à donner aux questions importantes une solution
autoritaire. Elle est assoiffée à la fois de splendeur et de pouvoir.
Lorsque les citoyens eurent conquis la liberté, ils mirent toute leur ambition
à posséder une aristocratie ».
Et il sent la
menace bolchévique et stalinienne trente ans avant qu’elle n’apparaisse. Il
suffit pour lui de lire Marx (un autre qui le voit bien à cette époque est
notre Gustave Le Bon) :
« Marx
prétend qu'entre la destruction de la société capitaliste et l'établissement de
la société communiste, il y aura une période de transition révolutionnaire,
période économique, à laquelle correspondra une période de transition politique
et « pendant laquelle l’État ne pourra être autre chose que la dictature
révolutionnaire du prolétariat » ; ou, pour employer une expression moins
euphémique, nous assisterons alors à la dictature des chefs qui auront eu
l'astuce et la force d'arracher aux mains de la société bourgeoise mourante, au
nom du socialisme, le sceptre de la domination. » [1]
On aurait donc
une oligarchie vieille maison (Blum) et une autre de déraison, celle des
communistes. Mais la démocratie parlementaire occidentale a tendance aussi à
servir la minorité des possédants. Seul Bakounine le reconnaissait – et Michels
le rappelle :
« Bakounine
était l'adversaire de toute participation de la classe ouvrière aux élections.
II était en effet convaincu que dans une société où le peuple est dominé,
sous le rapport économique, par une majorité possédante, le plus libre des
systèmes électoraux ne peut être qu'une vaine illusion. “Qui dit pouvoir, dit
domination, et toute domination présume l'existence d'une masse dominée”. »
Bakounine
énonce dès 1871 : ce peuple (le Français) n’est plus révolutionnaire du
tout. Il redoutait aussi les marxistes.
Michels fait au
moins une bonne prédiction sur le socialisme autoritaire façon
soviétique :
« Le
socialisme fera naufrage pour n'avoir pas aperçu l'importance que présente pour
notre espèce le problème de la liberté… »
Loin de
promouvoir le fascisme comme le prétendent les gazetiers, Michels analyse le
dix-neuvième siècle. Sur l’Italie il écrit :
« Buonarotti
dit que “La république idéale de Mazzini ne différait de la monarchie qu'en ce
qu'elle comportait une dignité en moins et une charge élective en plus”. »
Michels
subodore aussi un présent perpétuel puisqu’il cite le fameux
Théophraste, contemporain d’Aristote et auteur des caractères qui inspirèrent
ceux de La Bruyère. Sur les partis socialistes, les plus traîtres qui
soient, et où que ce soit, il note cette évidence éternelle :
« Mais il
existe un autre danger encore : la direction du parti socialiste peut tomber
entre les mains d'hommes dont les tendances pratiques sont en opposition avec
le programme ouvrier. Il en résultera que le mouvement ouvrier sera mis au
service d'intérêts diamétralement opposés à ceux du prolétariat ».
Plus
philosophique, ce point de vue qui montre que, comme Bruxelles ou le Deep
State, toute bureaucratie échappe à son mandat et devient entropique et
dangereuse :
« Le
parti, en tant que formation extérieure, mécanisme, machine, ne s'identifie pas
nécessairement avec l'ensemble des membres inscrits, et encore moins avec la
classe. Devenant une fin en soi, se donnant des buts et des intérêts propres,
il se sépare peu à peu de la classe qu'il représente.
Dans un parti,
les intérêts des masses organisées qui le composent sont loin de coïncider avec
ceux de la bureaucratie qui le personnifie. »
Sur cette
notion de machine, étudier et réétudier Cochin et Ostrogorski. On
comprend après que l’État finisse par servir la minorité qui le tient et en
joue :
« Conformément
à cette conception, le gouvernement ou, si l'on préfère, l’État ne saurait
être autre chose que l'organisation d'une minorité. Et cette minorité
impose au reste de la société 1' « ordre juridique », lequel apparaît comme une
justification, une légalisation de l'exploitation à laquelle elle soumet la
masse des ilotes, au lieu d'être l'émanation de la représentation de la
majorité. »
C’est que
l’ilote se contente de peu : manger, boire, regarder la télé, deux
semaines de vacances…
Après cette loi
d’airain, les conséquences et les inégalités qui vont avec :
« … il
surgit toujours et nécessairement, au sein des masses, une nouvelle minorité
organisée qui s'élève au rang d'une classe dirigeante. Éternellement
mineure, la majorité des hommes se verrait ainsi obligée, voire prédestinée
par la triste fatalité de l'histoire, à subir la domination d'une petite
minorité issue de ses flancs et à servir de piédestal à la grandeur d'une
oligarchie ».
Plus grave, et
plus amusante aussi, cette observation :
« Il
n'existe aucune contradiction essentielle entre la doctrine d'après laquelle
l'histoire ne serait qu'une continuelle lutte de classes, et cette autre
d'après laquelle les luttes de classes aboutiraient toujours à la création
de nouvelles oligarchies se fusionnant avec les anciennes. »
Et de conclure
en souriant, sur le ton du vieil Aristophane :
« On est
tenté de qualifier ce processus de tragicomédie, attendu que les masses,
après avoir accompli des efforts titaniques, se contentent de substituer un
patron à un autre. »
Une parenthèse
personnelle : le brave député, le chef d’entreprise aisé, le bon ministre
insulté du coin n’est pas un oligarque. Un oligarque est une tête pesante et
pensante qui conspire pour contrôler et étendre ses réseaux sur le monde. Et
personne n’a mieux défini les oligarques de la présente mondialisation que
Frédéric Bernays, qui écrivait en 1928, longtemps avant les Brzezinski, Soros
et autres Bilderbergs :
« La
manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées
des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux
qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement
invisible qui dirige véritablement le pays. »
Bernays
ajoutait froidement :
« C'est là
une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique. Cette
forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous
puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé… nos
chefs invisibles nous gouvernent en vertu de leur autorité naturelle, de
leur capacité à formuler les idées dont nous avons besoin, de la position
qu'ils occupent dans la structure sociale. Peu importe comment nous réagissons
individuellement à cette situation puisque dans la vie quotidienne, que
l'on pense à la politique ou aux affaires, à notre comportement social ou à nos
valeurs morales, de fait nous sommes dominés par ce nombre relativement
restreint de gens – une infime fraction des cent vingt millions d'habitants
du pays – en mesure de comprendre les processus mentaux et les modèles sociaux
des masses. Ce sont eux qui tirent les ficelles : ils contrôlent l'opinion
publique, exploitent les vieilles forces sociales existantes, inventent
d'autres façons de relier le monde et de le guider. »
Bernays ajoute
que le président US devient un dieu :
« On
reproche également à la propagande d'avoir fait du président des États-Unis un
personnage à ce point considérable qu'il apparaît comme une vivante
incarnation du héros, pour ne pas dire de la divinité, à qui l'on rend un
culte ».
Pas besoin de
fascistes avec des démocrates comme ça. On rappelle avec Onfray que Bernays
inspirait Goebbels et que son oncle Sigmund Freud envoyait ses livres dédicacés
à Benito Mussolini.
Par Nicolas
Bonnal
Sources
Robert Michels
– Les Partis Politiques – Essai sur les tendances oligarchiques des
démocraties, Flammarion, 1914 (archive.org)
Frédéric
Bernays – Propagande (introduction)
Nicolas Bonnal
– Nev le bureaucrate ; chroniques sur la fin de l’histoire (Kindle_Amazon)
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NOTES de H. Genséric
- USA.
L’intouchable Browder, ou comment les oligarques juifs ont pillé la Russie et
attaquent Poutine
Hannibal GENSÉRIC
bonsoir Hannibal, un rappel du cheikh ibn arabi : En ce qui concerne ceux qui adorèrent le Veau, ils n'allèrent pas dans la spéculation réflexive aussi loin qu'ils auraient dû comme le laisse entendre cette histoire. Dieu ne les excusa pas. Les adorateurs du Veau ne se sont donc pas adonnés correctement à la spéculation; ce verset légitime donc la spéculation rationnelle en matière de théologie tant que la Loi ne se prononce pas. Quant à l'avilissement qui toucha les Fils d'Israël, on peut le constater jusqu'à nos jours. Dieu n'a pas élevé les signes de leur religion. Ils sont restés avilis à toute époque et dans toutes les traditions. Telle est la sanction que Dieu inflige à ceux qui profèrent des mensonges à Son encontre, en Lui attribuant, sans référence à une loi sacrée, ce qui, selon la spéculation réflexive, ne convient pas comme attributs au dieu adoré. «Et Dieu dit la vérité et Il guide sur la voie.»
RépondreSupprimertraité du voyage
Lire...'ENTRAIDE - UN FACTEUR DE L'EVOLUTION ...De P. Kropotkine
RépondreSupprimerTéléchargez-le gratuitement @http://www.pdfarchive.info/index.php?pages/Kr
Je recommande de lire ce livre pour comprendre que Darwinism et al est un tas de merde