Au cours
des dernières semaines, la coalition dirigée par les États-Unis en Irak a connu
un tournant pour le pire.
Dans la
soirée du 10 août, un convoi militaire transportant du matériel pour les forces
américaines près de la frontière entre l'Irak et le Koweït aurait été visé par
une explosion. Le groupe armé chiite irakien, Ashab al-Kahf, a publié une
déclaration affirmant que ses forces avaient détruit «du matériel et des
véhicules appartenant à l'ennemi américain» lors d'un bombardement visant un
poste frontière au sud de la ville irakienne de Bassorah. Le groupe a également
publié une vidéo montrant délibérément l'attaque.
Ashab
al-Kahf est l'un des multiples groupes de résistance anti-américains, qui ont
fait surface en Irak depuis début 2020 après l'assassinat américain du
commandant de la Force iranienne Qods Qasem Soleimani, du vice-président des
Unités de mobilisation populaire irakiennes Abu Mahdi al-Muhandis et de
plusieurs d'autres officiers irakiens de premier plan qui menaient la lutte
contre Daech en Irak, ce qui déplait beaucoup aux Américains et aux Israéliens,
qui ont fait de Daech le croque-mitaine dont le rôle est de terroriser les
« mauvais » Arabes, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas soumis à
l’Empire anglo-sioniste. Tous ces nouveaux groupes de la résistance irakienne
déclarent que leur objectif est de forcer les troupes américaines à quitter
l'Irak, en menant des attaques contre
l'infrastructure et les forces militaires américaines. Cela est déjà devenu une
réalité quotidienne pour l'armée américaine.
En plus
de l'attaque du 10 août, il y a eu au moins 4 autres incidents militaires
imputés par les États-Unis et les grands médias à ces groupes au cours des
dernières semaines.
Tôt le
12 août, 3 roquettes sont tombées près du bâtiment de l'ambassade américaine
dans la « zone verte » de Bagdad. Aucune victime n'a été signalée. Le
5 août, au moins une roquette a été lancée sur la zone de l'ambassade
américaine à Bagdad. La roquette aurait été interceptée par le système C-RAM
[Counter-Rocket, Artillery, and Mortar] qui a été récemment déployé dans la
région par l'armée américaine. Le 30 juillet, deux roquettes ont visé la section
militaire de l'aéroport international de Bagdad, où les forces américaines
étaient déployées. Le 27 juillet, plusieurs roquettes ont pilonné la base
militaire américaine «Camp Taji» au nord de Bagdad.
La
structure et l'intensité de ces attaques démontrent qu'elles sont destinées
principalement à faire pression sur les dirigeants militaires et politiques
américains pour qu'ils décident d’un retrait des troupes, en créant un
environnement hostile plutôt que de causer des dommages à grande échelle aux forces
américaines. Si Washington décide de les ignorer et accepte à la place une
augmentation du nombre de victimes dans la région, une telle résistance peut se
poursuivre pendant des années. Néanmoins, une frappe de roquette
particulièrement réussie entraînant des pertes importantes pourrait bien
conduire à une réponse militaire ouverte des États-Unis. Le scénario le plus
probable serait alors des frappes aériennes à grande échelle sur ce que
Washington appellerait «des cibles indirectes iraniennes» en Irak et dans l'est
de la Syrie. Cependant, une réponse aussi isolée même si puissante ne suffirait
pas à changer la situation stratégiquement. Par conséquent,si la situation
évolue dans la direction actuelle, le conflit de faible intensité entre les
forces américaines et iraniennes en Irak entrerait dans une phase persistante.
Les perspectives de stabilisation de la situation économique et sécuritaire
dans le pays seraient sérieusement remises en question.
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