L’ONG
Oxfam international de la région MENA ((Moyen-Orient et Afrique du Nord) dénonce l’accroissement de la
fortune des plus riches et l’aggravation des inégalités. Elle appelle à
des mesures correctives afin de mieux répondre à l’urgence sociale et
sanitaire.
a
richesse des 21 milliardaires de la région MENA (Moyen-Orient et
Afrique du Nord) a augmenté de près de 10 milliards de dollars depuis le
début de la crise de la Covid-19, révèle Oxfam International.
Selon
les calculs de membres de l’ONG anglo-saxonne, cette somme représente
plus du double de ce qui serait nécessaire pour reconstruire Beyrouth,
la capitale brisée du Liban. Dans le même temps, 45 millions de
personnes supplémentaires dans la région pourraient être poussées à la
pauvreté en raison de la pandémie.
Oxfam
International exhorte les gouvernements de la région à adopter
d’urgence des politiques délibérées de lutte contre les inégalités, en
faveur de la santé et de l’éducation pour tous. L’ONG souhaite une
hausse du salaire minimum et une taxation équitable de la richesse.
L’ONG publie un rapport d’une trentaine de pages (en anglais), sourcé et argumenté, Pour une décennie d’espoir et non d’austérité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il
montre que depuis mars, les plus riches de la région ont amassé plus du
double des fonds d’urgence régionaux fournis par le FMI pour répondre à
la pandémie, et presque cinq fois l’appel humanitaire des Nations unies
pour la région MENA.
« La
pandémie a révélé les profondes inégalités et les échecs massifs de nos
systèmes économiques, laissant des millions de personnes dans la région
sans emploi, sans soins de santé ou sans aucune sorte de Sécurité
sociale », commente Nabil Abdo. Selon le conseiller principal
d’Oxfam dans la région MENA, basé à Beyrouth, les milliardaires ont
ajouté plus de 63 millions $ à leur fortune chaque jour depuis le début
de la pandémie.
« À
moins que les gouvernements ne donnent immédiatement la priorité aux
gens aux profits et que les riches ne paient leur juste part, des
millions d’autres seront poussés au bord de la pauvreté et privés de
leurs droits fondamentaux. » Le résultat de cela ne pourrait être plus frappant au lendemain de l’explosion au port de Beyrouth, « qui a encore mis en évidence la fragilité de l’économie et ne fera qu’exacerber les inégalités existantes ».
Les
gouvernements de la région peuvent agir rapidement et générer des
revenus pour protéger les plus vulnérables. Au Liban, si un impôt de
solidarité sur la fortune nette de 5% avait été introduit en 2019, 3,7
milliards $ de recettes fiscales auraient été générées, considère Oxfam
International. Cette somme aurait aidé à reconstruire les
infrastructures d’électricité et d’eau et fournir des services pour
assurer la sécurité des personnes à la suite de l’explosion.
Des filets bien peu protecteurs
Dans
la région MENA, la Covid-19 a encore creusé le fossé entre les riches
et les pauvres ; 94% des revenus de la région ne représentent que 11% de
la population, 37 milliardaires détenant autant de richesses que la
moitié la plus pauvre de la population adulte.
Si
la Jordanie, le Liban, l’Égypte et le Maroc avaient créé un impôt sur
la fortune de 2% à partir de 2010, ces pays auraient pu lever 38
milliards $ de recettes fiscales, qui auraient pu être investies dans
l’amélioration des soins de santé publics et la reconstruction des
systèmes de protection sociale.
Oxfam International parle d’ « échec »
à propos des filets de protection pour les populations vulnérables.
L’ONG estime que seulement 11% des personnes visées par les plans de
relance dans la région ont bénéficié de protection sociale et de mesures
de santé.
Donc
89% des 16 millions de travailleurs informels de la région ont été
gravement touchés par les mesures de pandémie. Les investissements
étrangers devraient également baisser de 45% et 1,7 million de personnes
devraient perdre leur emploi, dont 700 000 femmes, ce qui coûtera 42
milliards $ en salaires perdus.
« L’austérité
écrasante de ces dernières années aurait pu être évitée si les plus
riches de la région avaient payé plus d’impôts, un coût qu’ils peuvent
facilement assumer », souligne Nabil Abdo. Cette politique aurait pu donner aux pays plus de flexibilité dans leurs politiques de dépenses « et surtout, voir la région entrer dans la crise sanitaire avec moins d’inégalités et de dette », poursuit-il.
Oxfam
International exhorte les gouvernements de la région à adopter
d’urgence des politiques délibérées de lutte contre les inégalités, en
faveur de la santé et de l’éducation pour tous. L’ONG réclame une
augmentation du salaire minimum et une taxation équitable de la richesse
« pour construire des économies et des sociétés meilleures et plus égalitaires ».
« La tâche qui nous attend n’est pas sans défis », reconnaît le rapport d’Oxfam International. Qui se fixe comme objectif « de créer des politiques qui éloignent la région du statu quo,
réduisent les inégalités et répondent aux griefs qui avaient déjà vu
des centaines de milliers de personnes descendre dans la rue, avant même
la pandémie ».
Par Kimberly Adams
*Source : Magazine de l’Afrique (New African)
La "taxation équitable de la richesse" on les voit venir : ponctionner toujours plus les classes moyennes et la petite et moyennes bourgeoisie, pendant que les banques, les grandes entreprises transnationales,et leurs propriétaires multimilliardaires eux, continuent via leurs montages fiscaux et leurs fondations à ne payer presqu'aucun impôt.
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