Colonialisme. Le 8 mai 1945 fut
marqué à Sétif et à Constantine par une répression brutale de manifestations
demandant l’égalité des droits. L’aube d’une guerre
La France, au sortir de la Seconde
Guerre mondiale, n’était pas prête à accorder l’indépendance, ou même à
discuter d’un nouveau statut pour les peuples sous domination coloniale.
L’armée tua alors plusieurs dizaines de milliers de victimes.
Berlin, les 8 et 9 mai 1945,
l’Allemagne signe - deux fois - sa capitulation sans condition. Pour les
peuples d’Europe cette date marque la fin de la barbarie. Elle marque aussi une
nouveauté : le soulèvement à l’échelle planétaire des peuples contre
l’oppression. De l’autre côté de la Méditerranée, des partisans de la
libération nationale veulent célébrer aussi le 8 mai 1945. Des milliers
d’Algériens ont combattu dans l’armée française, d’autres dans des maquis pour
la libération de la France. Ils veulent obtenir des droits pour eux, sur leur
terre, d’autant plus que le mouvement national algérien n’est pas né d’hier,
qu’il s’est constitué d’abord dans la résistance à l’occupation coloniale de
l’Algérie, et que les immigrés sur le sol français ont su constituer
d’importantes organisations sociales et politiques qui n’ont eu de cesse de
réclamer des droits.
À Sétif, en ce 8 mai 1945, c’est la
poudre qui parle. La liberté pour les pays du Nord, certes, mais pas encore
pour ceux du Sud. On relèvera dans les rues de la ville algérienne des milliers
de morts. L’insurrection s’étend dans la Kabylie des Babors et dans le
Constantinois. Elle sera sauvagement réprimée. La marine française bombardera
le littoral. On dénombrera 40 000 morts. Il y aura 5 000 emprisonnés. La France
qui vient simplement de sortir de la guerre n’est pas prête à accorder
l’indépendance, ou même à discuter d’un nouveau statut pour les peuples sous
domination coloniale. Car le mouvement national algérien ne réclame pas, à ce
moment-là, l’indépendance en tant que telle ; on rêve encore d’une
association possible avec la France, d’autant plus que les partis qui ont animé
la Résistance sont au pouvoir et parmi eux le premier parti de France, le PCF,
qui pèse alors entre 25 % et 28 % des suffrages. Des dizaines de
milliers d’Algériens descendent dans la rue. Et c’est le carnage évoqué plus
haut. Le ministre de l’Air, le communiste Charles Tillon, affirme que personne
ne l’a informé ni a fortiori a demandé son autorisation, pour l’utilisation
d’appareils militaires. Le PCF condamne la répression, tout en évoquant de
possibles provocations visant à dresser la population musulmane contre la
population européenne, alors que l’Europe vient d’en finir avec la guerre. On
évoque le danger de l’installation d’un fascisme, animé par les gros colons, en
Algérie, pour faire pendant à une France démocratique. Si, bien entendu, il
n’est pas complètement absurde d’évoquer les provocations, ce n’est pas le sens
profond de ces événements. La dureté de la répression, qui rappelle les heures
sombres de la conquête, ne sera pas pour rien dans l’émergence d’un mouvement
qui, neuf ans plus tard, déclenchera l’insurrection du 1er novembre 1954.
À l’origine, la Conférence de
Brazzaville en 1944, alors que le sol de la France n’est pas encore libéré,
promet l’émancipation des peuples coloniaux et leur intégration dans l’Union
française. Mais toute velléité d’indépendance est refusée aux Berbères. C’est
cette double négation : de l’Algérie d’une part, et de la berbérité
d’autre part qui pousse au soulèvement de 1945. Les Algériens obtiendront
néanmoins quelques droits timides qui ne remettent nullement en cause
l’organisation économique et sociale de la société. Le tout reste marqué par
une extrême inégalité. Le statut organique de l’Algérie, daté du 20 septembre
1947 - et donc meilleur, si l’on peut dire que celui qui prévaut en
1945 -, créé en effet une Assemblée algérienne de 120 membres composée
pour moitié de " citoyens " (élus par 464 000 Français et 58 000
Français musulmans, selon la nomenclature de l’époque) et pour l’autre moitié
de " non-citoyens " (élus par 1 200 000 Algériens). Mais le pouvoir
politique et militaire appartient toujours au gouverneur général, nommé par la
France et qui a rang de ministre. La répression après les tueries de Sétif ne
cessera pas, loin s’en faut. Elle s’accompagne, également, d’une répression en
France contre toute remise en cause du statut colonial, d’autant plus facile
que les communistes ont dû quitter le gouvernement en novembre 1947 et que la
France mène déjà une guerre, à l’autre bout du monde, en Indochine, où là aussi
les colons n’ont rien voulu abdiquer de leurs pouvoirs. Un exemple, parmi tant d’autres,
de cette répression en Algérie : en 1951, 251 condamnations politiques
sont prononcées. On parle déjà, à cette époque, de tortures sur les
prisonniers, qu’ils fassent partie du mouvement nationaliste ou du Parti
communiste algérien, créé en 1936, sur les bases des fédérations communistes
d’Algérie. Nul alors n’aurait dû s’étonner du coup de semonce du 1er novembre
1954 et du déclenchement de ce qui deviendra, dans l’Histoire, la guerre
d’Algérie.
Source : L'Humanité
BILAN DE LA GUERRE
Soixante-et-un états, les trois
quarts de l'humanité ont été engagés dans la seconde Guerre mondiale : cent dix
millions d'hommes ont été appelés sous les armes.
Les sacrifices consentis par les
peuples furent énormes. Les pertes humaines (uniquement les morts) ont été de :
- Plus de 25.000.000
pour l'U.R.S.S
- 6.000.000 pour la
Pologne
- 1.706.000 pour la
Yougoslavie
- 605.000 pour la France
- 405.000 pour les
Etats-Unis
- 357.000 pour la
Grande-Bretagne
Cette guerre déclenchée par les
nazis, a coûté à l'Allemagne 13.600.000 morts, blessés et disparus. Le
Japon a perdu 1.500.000 soldats, 140.000 civils à Hiroshima le 6 AOUT 1945,
74.000 à Nagasaki le 9 AOUT 1945.
La France a eu 200.000 soldats tués
au combat, 240.000 prisonniers de guerre et déportés ont péri en Allemagne. Les
déportés dans les camps de la mort environ au nombre de 235.000, il y eut
38.000 rescapés. 600.000 autres jeunes Français furent victimes de la
déportation du travail. 60.000 Français périrent en pays ennemi, dont 15.000
fusillés, pendus ou décapités pour faits de résistance.
La France perdit également 160.000
victimes civiles, 20.000 fusillés comme résistants ou en représailles.
Le prix payé par les peuples est
incommensurable : 54.800.000 soldats et civils tués, 90.000.0000 de blessés.
Source http://www.jacques-tourtaux.com
Maghrébins et Africains, oubliés de l’histoire
Les
Africains en général et les Maghrébins en particulier demeurent les grands
oubliés de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
La preuve, aucun mot
n’a été soufflé, en ce 8 mai, sur les lourds sacrifices consentis par les
Africains lors de la célébration, en France, de la victoire du monde sur le
nazisme. Les Occidentaux continuent à ne mettre en valeur que les hauts faits
d’armes des soldats américains et européens, alors que ce sont les soldats
russes qui ont cassé la Wehrmacht et qui ont payé le plus tribut en pertes
humaines, militaires et civiles. Les soldats africains ont pourtant activement
participé à la Seconde Guerre mondiale. Ils ont même été décisifs dans de
nombreuses grandes batailles.
Les livres d’histoire
n’en parlent pas beaucoup, mais les soldats Maghrébins (Algériens, Marocains,
Tunisiens) considérés comme des combattants d’élite, ont été, par exemple, les
premiers à avoir traversé le Rhin. C’était dans la nuit du 30 au 31 mars 1945,
à 3 heures du matin. Mais il faut savoir que la mobilisation en Afrique du Nord
commence très tôt. Elle permit, de septembre 1939 à juin 1940, de constituer
pour le corps de bataille quatorze divisions regroupant 340.000 hommes.
Huit divisions étaient sur le front français le 10 mai 1940, au moment de
l’offensive allemande. Sur les six divisions françaises qui tenaient entre la
Dyle et la Meuse, trois étaient nord-africaines.
Le cauchemar
des prisons nazies
La débâcle de l’armée
française en juin 1940 se solda par plus de 85.000 tués, dont 5.400 Maghrébins
et 1.800.000 prisonniers dont, selon Yves Chatel, le gouverneur général de
l’Algérie de l’époque, 90.000 musulmans (60.000 Algériens, 18.000 Marocains et
12.000 Tunisiens). Excepté une dizaine de milliers de libérations et autant
d’évasions, le reste des prisonniers coloniaux connut la captivité jusqu’à la
Libération, quand ils n’étaient pas décimés par les maladies qui ravageaient
leurs centres de détention. Les choses ne se sont pas arrêtées là.
Juste après le
débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, les trois colonies du
Maghreb furent de nouveau mises fortement à contribution pour reconstituer
l’armée française et participer aux combats pour la libération de la France et
de la Tunisie. Armées par les Américains, les unités françaises, cinq divisions
d’infanterie et trois divisions blindées, furent reconstituées et instruites au
Maghreb pour être immédiatement incorporées au dispositif allié.
Le chiffre le plus
souvent avancé concernant l’effectif des musulmans maghrébins dans l’armée
française de 1944 est celui de 233.000 hommes. Certains historiens
estiment l’ensemble des troupes fournies par les trois pays d’Afrique du Nord
de 200.000 à 250.000 musulmans entre 1943 et 1945, dont 120.000 à 150.000 pour
la seule Algérie. Les évaluations des pertes de l’armée française depuis la
campagne de Tunisie jusqu’à la capitulation allemande le 8 mai 1945 varient
entre 97.000 et 110.000 tués, blessés et disparus. Si on se base sur les
chiffres communiqués par le Service historique de l’armée de terre française
(SHAT) qui font apparaître un total de 97.715 tués et blessés pour l’ensemble
de l’armée française dont 11.193 tués et 39.645 blessés pour les musulmans, la
proportion est de 52%.
Au total, le Maghreb
fournit à l’armée française durant la Seconde Guerre mondiale, si l’on
additionne les chiffres de 1939-1940 et ceux de 1942-1945, pas moins de 800.
000 combattants dont deux tiers d’indigènes. En tout, on estime le nombre
d’Algériens tués durant la seconde guerre mondiale à 40.000.
Chair à canon
Des milliers de soldats
noirs appelés aussi «Tirailleurs sénégalais» (dont le nombre est de 179.000)
ont également été mobilisés à partir de différentes colonies françaises vers la
France lors de la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de prisonniers noirs
appartenant aux unités de tirailleurs sénégalais et parfois nord-africaines ont
connu un sort tragique. Considérés par les Allemands comme des «troupes
sauvages» et furieux d’avoir rencontré une farouche résistance opposée par ces
combattants, notamment pour défendre la ville de Lyon, beaucoup d’entre eux
furent massacrés après leur capture sans autre forme de procès, jetés dans des
fosses communes ou dans les flammes des fermes en feu. Certains furent achevés,
écrasés par les chenilles de chars allemands.
Par ailleurs, les
empires coloniaux français et britannique ont joué un rôle majeur dans la
guerre. L’Afrique, en particulier, a été le théâtre de nombreuses opérations et
a participé au financement de la guerre. Les puissances coloniales engagées
dans la guerre (Allemagne et Italie, d’un côté, contre la France, l’Angleterre,
la Belgique de l’autre) se sont en effet affrontées en Afrique à travers leurs
colonies. L’Afrique contribuera beaucoup à la consolidation du camp des alliés,
notamment en servant de base arrière pour leurs opérations. L’Algérie a même
servi pendant un moment de «quartier général» pour la «France Libre».
Malgré tous ces
sacrifices, il a fallu
cependant attendre jusqu’en 2007 pour que les anciens combattants africains de
l’armée française perçoivent la même pension que les soldats français engagés
dans la guerre. Pis encore, la France en 1945 ne tiendra pas sa promesse
de laisser les pays qu’elle a colonisés accéder à leur indépendance nationale.
Le cauchemar colonial allait ainsi se poursuivre pour des millions d’Africains
durant près de deux décennies.
Source : http://www.elwatan.com/international/maghrebins-et-africains-oublies-de-l-histoire-08-06-2014-260369_112.php
VOIR AUSSI :
Hannibal GENSERIC
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