dimanche 26 mai 2019

Iran/Irak/Syrie/Liban. Arcum chiitum


Nous n'allons pas aborder dans ce billet la démission de dame Teresa en ce fatidique mois de May, même si le départ de la givrée russophobe du 10 Downing Street fait bâiller d'aise l'ours. Nous n'allons pas non plus nous appesantir sur la contre-attaque djihadiste dans l'Idlibistan, qui a fait perdre une des villes récemment gagnées par l'armée syrienne et surtout prouvé, comme nous l'avions prédit, que celle-ci n'avait pas encore engagé les grandes manœuvres pour récupérer la province barbue. Laissons également de côté le quatrième false flag chimique, qui semble d'ailleurs faire pchiiiit, au moment même où émerge enfin le fait que le troisième était une mauvaise farce, ce qui ne surprendra évidemment pas le fidèle lecteur du blog.

Aujourd'hui, attardons-nous sur une petite info lourde de conséquences. Dans un billet intitulé Arc chiite an I, nous écrivions il y a vingt mois :
C'est dans ce contexte que l'on apprend, et c'est tout sauf un hasard, que le 4+1 a décidé de passer la vitesse supérieure le long de la frontière syro-irakienne, pierre angulaire de l'arc chiite potentiellement (re)constitué.
Du côté syrien, l'armée et le Hezbollah ont, avec le précieux soutien de l'aviation russe, relancé les opérations vers Al Boukamal / Al Qaïm, point nodal crucial de la recomposition moyen-orientale. Dans le même temps et en parallèle, de l'autre côté de la frontière, l'armée irakienne et les UMP chiites ont libéré la zone d'Akashat.
 


La coordination avec Damas semble évidente. A ce rythme et au vu de l'effondrement daéchien, l'alliance chiite ne devrait pas tarder à arriver en vue d'Al Boukamal / Al Qaïm. La prise de ce dernier bastion califal ne sera certes pas chose aisée, mais c'est la grande image qu'il faut prendre en compte : suppression définitive du corridor sunnite nord-sud et mise en place de l'arc chiite est-ouest. Au grand dam de qui vous savez.
Bingo ! Depuis qu'Al Boukamal est revenue, fin 2017, dans le giron loyaliste, les Iraniens y sont présents. Le nœud stratégique est en effet fondamental pour la marche de Téhéran vers le ponant :
L'arc chiite, en partie reconstitué après la victoire des syro-russo-iraniens en Syrie, (re)devient le cauchemar stratégique de Washington, Tel-Aviv et Riyad. Les Iraniens s'établissent sur la Méditerranée tandis que la construction d'une autoroute Iran-Irak-Syrie a commencé (elle finira par relier Téhéran à Beyrouth) et qu'un projet de voies ferrées ressort du sable. Les futures routes de la Soie chinoises doivent passer par là...
Or, qu'apprend-on ? Les Iraniens ont entrepris des travaux pour ouvrir un nouveau passage près d'Al Boukamal (l'ancien étant totalement détruit par la guerre). Il n'en fallait pas plus pour que le système impérial entre en mode panique et imagine déjà les cargaisons d'armes à destination du Hezbollah ou de pétrole pour alléger les sanctions US.
Avec ténacité, Téhéran joue sa carte et avance ses pions pour rejoindre la Méditerranée, profitant de la reconstitution partielle de l'arc chiite. Un bémol toutefois, cette route doit serpenter entre les bases américaines en Irak, puis les zones occupées par l'empire en Syrie (zone "kurde" et Al Tanf), sans compter les régions où la présence de Daech n'a pas été totalement éliminée :
On ne sait pas très bien ce que seraient censés faire les soldats US si un convoi iranien leur passait sous le nez, ni le cadre légal (vote du Congrès ?) d'une éventuelle intervention. Pour compliquer encore un peu la situation, se pose d'ailleurs toujours la question de la présence états-unienne en Irak. Ces bases sont en tout cas un moyen de pression visant à contrôler et à contrarier l'arc chiite renaissant.
Une chose est sûre : des sables du désert aux corridors du pouvoir à Bagdad, l'affrontement à fleurets mouchetés entre Téhéran et Washington n'est pas prêt de s'arrêter. Un petit jeu dans le Grand...
Publié le 24 Mai 2019 par Observatus geopoliticus

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