jeudi 2 août 2018

De Tonga Tonga à Bissi, de la difficulté à réduire militairement le terrorisme africain


Le commandement militaire US en Afrique tente de tirer des leçons de l’embuscade meurtrière ayant ciblé des forces spéciale à US au Niger.
L’Africom préconise l’usage de plus de drones-armés et/ou de reconnaissance- ainsi que de véhicules blindés adaptés au combat dans des conditions de mobilité et d’exposition extrêmes.
A Tonga Tonga, les forces spéciales US périrent sous le feu des redoutables RPK, utilisés par un groupe armé dont les membres aguerris fondent dans l’environnement local avant même la fin de l’assaut.
Les États-Unis ne sont pas les seuls à être confrontés aux dures réalités des nouvelles formes du terrorisme en Afrique.

Au courant de cette semaine, deux opérations militaires, la première menée par l’Armée du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, contre des éléments de l’organisation terroriste Boko Haram, et la seconde menée par un détachement militaire en Algérie, pays le plus vaste d’Afrique, contre ce que Alger qualifie de résidus de groupes terroristes, ont tourné au fiasco.
Dans le premier cas, les troupes nigérianes se sont fait surprendre par une embuscade élaborée tendue par des éléments de Boko Haram. Plus de 25 militaires ont été mis hors combat.
Dans le second, un détachement d’infanterie de l’Armée de terre algérienne, l’une des armées les mieux équipées du continent, en opération de recherche-destruction dans une zone extrêmement dangereuse, se sont accrochées avec plus d’une centaine d’hommes lourdement armés. Le lieu de l’accrochage a eu lieu non loin d’un important complexe pétrochimique côtier distant de 20 kilomètres.
Dans les trois cas, les militaires réguliers ont eu à subir un taux de perte relativement élevé sans appui aérien rapproché (CAS).
A Tonga Tonga, quatre soldats d’élite US ont été tués aux côtés d’un nombre indéterminé de soldats du Niger et le commandement US a eu à déplorer le retard inacceptable accusé par le soutien aérien d’appoint, devant être assuré par les français.
Au Nigeria, des militaires aux aguets et dotés d’une puissance de feu supérieure sont tombés dans un traquenard suite à de faux renseignements. Les unités militaires de ce pays pétrolier ne peuvent compter sur aucun soutien aérien rapproché faute de moyens financiers.
Enfin, en Algérie orientale, de très jeunes militaires inexpérimentés ont accroché un groupe terroriste où se trouvaient aussi bien des vétérans des maquis des années 90 que des rescapés d’autres théâtres de guerre dans la région.
Dans le dernier cas, l’appui aérien, essentiellement des hélicoptères d’attaque au sol, est intervenu bien après l’accrochage et ce, malgré près de 25 ans d’expérience dans le domaine de la lutte anti-guérilla que l’Armée algérienne a rudement accumulé, le plus souvent de façon empirique, donc coûteuse en vies humaines. D’ailleurs l’opération du lieu-dit Bissi, un coupe-gorge isolé en temps de paix aurait été particulièrement meurtrière avec huit soldats tombés sur place et plus de 52 blessés dont plus d’une douzaine a succombé aux blessures. Un autre bilan non officiel fait état de 25 morts parmi les militaires. En face, plus de 50 terroristes auraient été anéantis par des roquettes et des bombes thermobariques mais les autorités militaires algériennes sont silencieuses et émettent des communiqués laconiques au bilan très minimaliste, communication de guerre oblige.
Tout cela démontre l’extrême difficulté des Armées modernes à s’adapter aux nouveaux défis posés par les nouvelles morphologies extrêmes des guérillas radicales en Afrique, de plus en plus aptes à soutenir le choc initial d’une attaque et à survivre.
Les américains et les français au Sahel, les algériens sur leur propre territoire, les égyptiens au Sinaï, les nigérians et les camerounais en Afrique de l’Ouest en font l’amère expérience.

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