Qu’est-ce qui a fait descendre le président américain de son arbre ?
Personne
ne comprend Donald Trump ou ne sait comment traiter avec lui et son
arrogance mieux que les Iraniens. Leur réponse ferme et solide à son
offre surprise – en début de semaine – de les rencontrer sans conditions
préalables au moment qu’ils choisiront le confirme clairement.
Trump
a déclaré que la rencontre avec les Iraniens serait « une bonne chose
pour eux, pour nous et pour le monde », ajoutant: « Si nous pouvions
travailler sur quelque chose de significatif, pas le gaspillage de
papier que l’autre accord était, je serai certainement prêt pour une
rencontre ».
En
outre, le porte-parole du Conseil de sécurité américain Garrett Marquis
a déclaré que Washington était prêt à mettre fin aux sanctions, à
rétablir des relations diplomatiques et commerciales complètes, à
permettre à l’Iran de disposer de technologies avancées et à soutenir sa
réintégration dans l’économie mondiale.
La
question à se poser ici est ce qui se cache derrière cette soudaine
poussée de magnanimité américaine et un changement complet de ton ?
Après les menaces de détruire l’Iran en imposant des sanctions
étouffantes sans précédent, de l’empêcher d’exporter un seul baril de
pétrole tout en exhortant l’Arabie saoudite à augmenter sa production
pétrolière afin d’inonder le marché et de faire baisser les prix,
pourquoi lancer un appel ouvert au dialogue accompagné d’une série
d’incitations diplomatiques et politiques ?
Avant
de répondre, il convient de noter que la plupart des réactions de
l’Iran à l’offre généreuse de Trump proviennent d’officiels de second
rang, qui le tournent en dérision et insistent sur le fait que Trump
devrait en premier lieu revenir sur sa décision de se retirer de
l’accord nucléaire, et suspendre toutes les sanctions économiques
imposées à l’Iran.
Une hyène édentée
La
stratégie de Trump a été exposée au grand jour et elle est maintenant
évidente pour le novice politique le plus inexpérimenté. Premièrement,
il aggrave ses menaces et exagère la taille du « bâton » qu’il entend
utiliser dans l’espoir d’intimider ses adversaires et de les traîner
jusqu’à la table des négociations, puis il descend de l’arbre qu’il
vient d’escalader.
L’homme
est une hyène édentée. Il n’ose pas réellement faire la guerre, ni ne
sait en tout cas comment la faire. Son savoir se limite au business et à jouer des muscles.
Il
faut souligner que Trump et le revirement de son administration ne sont
apparus qu’après qu’il est devenu évident que les Iraniens n’étaient
nullement intimidés par ses menaces de les étrangler économiquement, ses
allusions à une guerre à venir, ou son discours sur la création d’une
OTAN « sunnite arabe » – avec Israël en tant que neuvième membre non
officiel – pour préparer une attaque contre la République islamique.
Leur
réponse a été de donner le feu vert à leurs alliés yéménites Ansarullah
pour qu’ils lancent des missiles sur les navires de guerre saoudiens et
les pétroliers près du détroit de Bab al-Mandeb. Avec pour objectif de
faire comprendre aux États-Unis et à leurs alliés qu’une grande partie
du transport maritime mondial et la moitié de leurs exportations de
pétrole sont maintenant à la merci de l’alliance que soutient Téhéran.
Aujourd’hui
Bab al-Mandeb, demain le détroit d’Ormuz… était le message. C’était une
simple entrée en matière, et le plat principal serait beaucoup plus
consistant.
Inquiet,
Trump a fait machine arrière après que le président Hassan Rowhani
l’ait averti que toute attaque lancée sur l’Iran déclencherait « la mère
de toutes les guerres » et le commandant de la Force al-Qods des
Gardiens de la révolution, le général Qassem Soleimani, a averti que si
Trump pouvait décider de quand commencerait la guerre, ce serait l’Iran
qui déterminerait comment elle se terminerait, et bloquer le détroit
d’Ormuz ne serait qu’un avant-goût de sa riposte.
Ce
que Trump a oublié, au milieu des divers scandales sexuels et des
critiques sur sa performance pathétique au sommet d’Helsinki avec le
président russe Vladimir Poutine, c’est que les États-Unis ont été
vaincus dans la guerre en Syrie après avoir dépensé 70 milliards de
dollars. Et par qui ? Les Russes, les Syriens, les Iraniens et le
Hezbollah. Il n’a toujours pas gagné la guerre en Afghanistan, 17 ans
après que les États-Unis l’aient lancée. Il ne sait comment se dégager
de cet enchevêtrement coûteux et négocie actuellement avec les Taliban à
Doha dans l’espoir de diminuer ses pertes.
De plus, Trump a fait des États-Unis le pays le plus détesté du monde, notamment par ses alliés européens.
Trump joue au lion uniquement quand il traite avec les « dirigeants » arabes
Trump
joue au lion uniquement quand il traite avec les dirigeants Arabes, et
seulement dans la région du Golfe. Ils s’inclinent devant ses ordres,
obéissent à ses ordres, et se soumettent à toutes ses exigences
financières exorbitantes et à ses moqueries selon quoi ils ne
survivraient pas une seule semaine sans la protection américaine.
Rowhani
a fait savoir qu’il avait refusé huit offres pour rencontrer Trump car
il n’a aucune confiance dans un homme qui ne respecte pas la signature
de son propre pays, faisant écho à l’affirmation du chef suprême iranien
que de telles réunions seraient « une perte de temps ». C’est toute la
différence avec nos dirigeants arabes, toujours prêts à se prosterner
pour obtenir une audience avec le président américain et leurs
homologues iraniens.
Les
Iraniens pourraient bien accepter de rencontrer Trump s’ils sentaient
une certaine volonté de répondre à leurs besoins d’une manière qui
allège les souffrances de leurs 70 millions d’habitants. C’est
exactement ce qu’ils ont fait lorsqu’ils ont conclu l’accord sur le
nucléaire après cinq années de négociations.
Certains
Arabes les ont réprimandés à l’époque et les ont accusés de capituler,
puis ont critiqué le retrait de Trump de l’accord et ont demandé qu’il
soit préservé afin d’éviter les conséquences et les coûts de son
annulation – la pire étant une course régionale aux armements nucléaires
que l’Iran gagnerait forcément, vu le terrain déjà parcouru dans ce
domaine.
Le
président nord-coréen Kim Jong-un a accepté l’invitation au dialogue de
son homologue américain et s’est rendu au sommet de Singapour la tête
haute. Beaucoup de détracteurs s’attendaient à ce qu’il se soumette et
brandisse le drapeau blanc de la reddition. Pourtant, le Washington Post
rapporte qu’il a commencé à développer de nouveaux missiles – encore
plus puissants que ceux qui remplissent déjà son arsenal militaire – qui
peuvent frapper profondément à l’intérieur des États-Unis. Nous n’avons
pas entendu un seul mot à ce sujet venant de Trump, qui semble avoir
avalé sa langue et appris la vertu du silence.
Nous
pouvons être sûrs que les membres de la future OTAN arabe, que Trump a
ordonné de former avec Netanyahu pour faire la guerre à l’Iran, sont en
train de suer d’angoisse face au revirement dans la position de leur
Maître qui tend la main à Téhéran sans aucune condition préalable. Ils
peuvent se donner des claques en constatant l’échec de leur pari que les
États-Unis et Israël bombarderaient l’Iran et le ramènerait à l’âge de
pierre comme ils l’espéraient. Ils doivent également regretter d’avoir
dépensé des centaines de milliards de dollars en avions de combat et en
missiles, en préparation d’une participation à cet événement mémorable.
Nous
souhaitons que nos « leaders » arabes apprennent quelque chose des
Iraniens et des Nord-Coréens plutôt que de gaspiller nos richesses dans
la poursuite du mirage d’une guerre contre l’Iran – faite pour le compte
des États-Unis et d’Israël – visant à le détruire comme ont été
détruits l’Irak, la Syrie, le Yémen et la Libye. Cela leur apprendrait
quelque chose sur la dignité et le respect de soi. Et cela leur
permettrait de développer une stratégie arabe appropriée pour imposer un
équilibre stratégique dans la région et établir une force de dissuasion
arabe efficace, pour contrebalancer Israël, le plus grand ennemi de la
nation arabe, et également atteindre un équilibre militaire avec l’Irak.
Ces
« leaders » vont-ils tenir compte d’un tel appel ? Nous ne pensons pas.
Sinon, nous ne serions pas dans notre triste état actuel où le monde
entier nous contemple comme un archétype de stupidité, d’arriération et
de soumission.
Abdel Bari Atwan,
rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
2 août 2018 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine
"Ce que Trump a oublié, au milieu des divers scandales sexuels et des critiques sur sa performance pathétique au sommet d’Helsinki avec le président russe Vladimir Poutine..." écrit Abdel Bari Atwan.
RépondreSupprimerCette déclaration à elle seule démontre un parti-pris qui jette une ombre sur le reste de l'article. Le sommet d'Helsinski était une réussite sur le plan mondial: ces deux présidents veulent ardemment préserver la paix et luttent tous deux contre le Deep State.
En vérité, je me demande souvent comment ils font pour tenir encore debout, avec les forces liguées quotidiennement contre eux. Cela seul impose le respect.
Tâchez de vous souvenir que Donald Trump est bien seul face à tout cela, et que son pays est divisé par les Démoncrates (pas de faute de frappe), hommes/femmes de main de ce Deep State qui s'acharne à détruire la Terre & l'Humanité.
-*-
Donald Trump essaie de gagner du temps contre ses ennemis au sein de la politique américaine, donc sa stratégie c'est le paradoxe, l'incohérence à première vue, les coups de clown, les bluffs. Tant qu'il restera au pouvoir il n'y aura pas de guerre mondiale. Mais garons-nous de celui (ou celle) qui pourra lui remplacer lors d'un éventuel impeachment.
RépondreSupprimerQue le clown comprenne que le monde Arabo-Musulman, d'Est en Ouest, bien que certains états soient inféodés au cancer de ce bas monde, que ces peuples ,aussi bien Chiites que Sunités , appuient fermement et sans condition préalable l'IRAN : peuple et gouvernement.
RépondreSupprimerLe peuple Américain qui a toujours fait preuve de sagesse et de compréhension, doit se libérer du clown qui le dirige pour revenir à sa splendeur d'antan.
m p: "Vous n'avez donc rien compris ... pauvres de vous, arrêter deux minutes avec votre "deep state" vous vous égarez a chaque fois que vous l'écrivez. Trump est de mêche pour mettre le feu aux poudres."
RépondreSupprimerVous avez tout compris, semble-t-il, mais je ne comprends pas ce que vous écrivez. Si le terme "Deep state" vous ennuie, remplacez-le par "Nouvel Ordre Mondial", "Globalistes", ou mieux: "Satanistes". Vous les comprenez mieux?
Maintenant, si vous les réfutez aussi, je vous suggère de faire des recherches plus approfondies, ce que vous n'avez visiblement pas eu le temps ou l'intérêt de faire.
D'autre part, si Trump était "de mèche pour mettre le feu aux poudres", cela fait longtemps que ce serait fait!
Et enfin, prendre le temps de vérifier votre orthographe (avec les programmes correcteurs gratuits) avant de publier un commentaire serait un signe de respect envers les rédacteurs & lecteurs de ce site.
-*-
El_ArabiEl_Acil: "Le peuple Américain qui a toujours fait preuve de sagesse et de compréhension, doit se libérer du clown qui le dirige pour revenir à sa splendeur d'antan."
RépondreSupprimerSa splendeur d'antan dites-vous.. C'était du temps d'Obama? De Bush? De Clinton? Le Peuple américain n'a guère fait preuve de sagesse en les élisant. Il l'a fait en élisant Trump, ne vous déplaise.
Car ce clown, qui est sur tous les fronts à la fois (et a NOTAMMENT - qu'il soit béni pour cela! - initié dès son entrée à la Maison Blanche le combat victorieux que mène son administration contre les réseaux pédocriminels), a réussi a créer presque 4 millions de jobs depuis son élection. Le taux de chômage est le plus bas chez les communautés noires, hispaniques, et vétérans depuis des décennies. Ses autres réalisations sont trop nombreuses pour être citées ici, mais vous saurez les trouver si elles vous intéressent.
Trump n'est pas l'ennemi des Peuples. Comme le dit si justement Abelardo : "Donald Trump essaie de gagner du temps contre ses ennemis au sein de la politique américaine, donc sa stratégie c'est le paradoxe, l'incohérence à première vue, les coups de clown, les bluffs."
L'attachement bien naturel que vous éprouvez pour cette partie du monde légitimise sans doute votre colère, mais ne perdez pas de vue la survie de l'Humanité dans son ensemble.
Et malheur au Peuple américain et à la planète entière si D. Trump était remplacé par l'un des valets du Système de mort qui cherche à le détruire et à nous détruire quasiment tous.
-*-
Tout à fait d'accord, les bla,bla,bla!!! ne rejoignent pas les écritures!!! il suffit de pratiquer "le retournement" peu de gens en sont capables!! tout est écrit et c'est l'Univers qui commande!!
SupprimerLes ricains et leurs complices utilisent des mercenaires orientaux qui combattent avec du materiel occidental payé par les riches pays orientaux ?
RépondreSupprimerL'Iran a t'il besoin de se débarrasser des inutiles avec une guerre ?
Je pense que les dirigeants de ces pays en guerre sont tous complices contre les populations .La Syrie,est un pays ou la plèbe n'a pas droit aux armes, aussi les "terroristes " n'ont 'ils pas eu de mal a assassiner les civiles désarmés ?