L’armée syrienne continue à
expédier armes et effectifs vers Idlib dans le nord de la Syrie. Une
bataille se prépare dans cette province stratégique pour en finir avec
les terroristes de Hayat Tahrir al-Cham et d’autres groupes armés que
soutient la Turquie. La Russie appuie largement l'option militaire sur
quoi l'armée syrienne se concentre en ce moment. Car Idlib les enjeux
sont grands, à la fois pour l'Etat syrien qui veut se faire restituer
une partie de son territoire et pour la Russie qui cherche à assurer la
sécurité de sa base aérienne, Hmeimim, laquelle se trouve non loin
d'Idlib à Lattaquié. Des dizaines de drones ont attaqué ces quatre
dernières semaines la base aérienne russe sans toutefois pouvoir porter
atteinte aux avions de combat qui y sont stationnés. Pour la Russie, ces
attaques n'auraient pas pu avoir lieu sans l'aide US.
La base aérienne Hmeimim à Lattaquié a été prise pour cible des attaques fréquentes des drones appartenant aux terroristes. ©Sputnik |
Selon certains analystes, les opérations militaires de l’armée
syrienne à Idlib seront limitées. Pour d’autres, le sort de la
province ne pourra pas être déterminé par seulement des opérations
militaires et il faudrait les accords internationaux, tracés d’une part
par la Russie, alliée de Damas, et de l’autre par la Turquie, soutien
des terroristes pour que la province soit pacifiée.
Force spéciale, renforts, Damas est prêt Depuis le premier août, les forces militaires syriennes visent, à l'aide de l’artillerie lourde ou l'aviation, les régions sous contrôle des groupes armés situées dans le sud d’Idlib et qui s'étendent jusqu’à la banlieue occidentale d’Alep et la banlieue nord de Hama.
Alors que l'armée syrienne prépare l'offensive, les analystes de
guerre occidentaux multiplient les spéculations: les opérations de
l'armée syrienne seraient limitées et se concentreraient sur des régions
aux alentours d’Alep où des milliers de terroristes, chassés d’autres
régions, se sont regroupés.
L'expert américain Nicholas Heras indique que l'offensive syrienne ne
tardera pas à Idllb. « Damas croit qu’il existe des zones importantes
et vitales dans cette région où la sécurité devra être rétablie. Cela
s'avère nécessaire pour garantir la sécurité de Lattaquié où se trouve
la base aérienne russe, Hmeimim. Il est aussi question de sécuriser
définitivement l’autoroute internationale Damas/Alep et mettre
définitivement à l'abri la capitale.
Pour rappel, les éléments de Hayat Tahrir al-Cham contrôlent une
grande partie de la province d’Idlib. Les terroristes se trouvent dans
les régions à proximité de la banlieue occidentale d’Alep, dans la
banlieue nord de Hamas ainsi que dans le nord de Lattaquié. Ce sont eux
qui envoient des drones-kamikazes à l'assaut de Hmeimim. Quant aux
forces syriennes, elles se sont positionnées dans le sud-est d’Idlib.
Une dernière information fait état d'un état de panique dans les rangs
des terroristes qui, hantés par l’attaque imminente de l’armée
syrienne, seraient en train de creuser des tunnels, des tranchées et
des remparts dans les régions pour contrer l'offensive de l’armée
syrienne.
Mais par où l'armée syrienne va-t-elle commencer?
Diverses régions seront la cible de futures opérations militaires de
l’armée syrienne, dont Jisr al-Choghour dans le sud-ouest d’Idlib et
Sahl al-Ghab, situés entre Idlib et le nord de Hama. À cela s'ajoutent
les régions avoisinant la route internationale Damas/Alep.
Sahl al-Ghab est une région agricole dont la grande partie se trouve
dans le nord de Hama et qui s’étend vers le sud-ouest d’Idlib près de
Jisr al-Choghour. L’importance de ces deux régions vient de leur
proximité avec la province de Lattaquié, ville portuaire syrienne.
L’analyste américain Sam Heller (International Crisis Group) revient
sur les attaques aux drones contre la Russie et affirme que les Russes
croient avoir localisé l'origine de ces raids visant la base aérienne à
Hmeimim à Lattaquié : ces drones auraient été envoyés, selon eux, depuis
les alentours de Jisr al-Choghour. C'est une région qui tout comme Sahl
al-Ghab, est stratégique et revêt d’une importance de choix pour
l'accès à la Méditerranée. »
Mais ce n'est pas tout : l'armée syrienne a un autre motif pour
attaquer Idlib : la reprise de l’autoroute internationale Damas/Alep.
Cette reprise permettra à l’armée syrienne de restituer le contrôle des
villages du sud-ouest d’Alep jusqu’au sud d’Idlib. Ce sont des régions
où sont présents les alliés de la Résistance de l'armée syrienne.
L’analyste américain Charles Lister (Middle East Institute) affirme
qu’il était vital pour Damas de dominer l’autoroute internationale
Damas/Alep et tous les passages qui relient le Nord au Sud du pays,
entre ces deux villes. Pourquoi? Et bien la reprise du transit des
marchandises ne peut se faire sans que cette grande autoroute ne soit
sécurisée. La réouverture du point de passage de Nassib au sud de la
Syrie et sur la frontière avec la Jordanie a permis le rétablissement de
l'autoroute M5. Or ce n'était qu'un petit tronçon d'une longue route
que Damas a l'intérêt à ressusciter.
Quel est le rôle des protagonistes internationaux ?
Du point de vue de Damas, la reprise d’Idlib est très importante dans
la mesure où elle signifierait la défaite totale des terroristes. Idlib
et certaines zones des provinces voisines constituent les dernières
zones de désescalade, gérées par la Russie, l’Iran et la Turquie,
conformément à l’accord d’Astana.
Idlib est, d’ailleurs, le dernier bastion de Hayat Tahrir al-Cham et
la seule région, restée toujours sous l’influence de la Turquie.
Mais peut-on gagner sans l'aval de la Turquie?
Or, les analystes en la matière estiment que toute opération
militaire à Idlib doit recevoir l’aval d’Ankara dans la mesure où le
gouvernement turc devra faire face, en cas de l'offensive syrienne, à un
vaste déplacement de terroristes depuis le territoire syrien vers le
sol turc. En effet, les terroristes chassés par l’armée syrienne
n’auront qu’à s’enfuir vers la Turquie.
« La Turquie acceptera d’abandonner certaines régions qu’elle a
occupées aux alentours d’Idlib à condition qu’elle puisse préserver sa
domination sur le centre de cette province et la région frontalière dans
le nord d’Idlib », a estimé Charles Lister.
Il faut noter, entre temps, que la Russie a demandé à la Turquie
d’entreprendre une mesure qui permettrait de mettre fin à la présence de
Hayat Tahrir al-Cham à Idlib si elle veut éviter une "grande guerre".
« La demande de la Russie est claire. Ou bien la Turquie trouvera une
solution pour le problème des terroristes à Idlib ou bien Bachar
al-Assad en finira avec ces terroristes comme bon lui semble. La seule
option possible est que les groupes, travaillant pendant des années avec
Hayat Tahrir al-Cham, se mobilisent contre ce groupe et mettent un
terme, une fois pour toutes, à son influence à Idlib. Autrement dit,
sauver Idlib signifie l’anéantissement de Hayat Tahrir al-Cham », estime
Nicholas Heras. Vu les règlements de compte et les assassinats
inter§terroristes à Idlib, le renseignement turc semble d'ailleurs avoir
opter pour cette solution.
L’armée syrienne reprendra, facilement, Idlib
Depuis le jour où l’armée syrienne s’est lancée dans les préparatifs
de la bataille à Idlib, les analystes ne cessent de s’interroger sur la
réaction d’Ankara . Ankara ouvrirait-il les portes aux terroristes qui
seraient chassés par l’armée syrienne ? C’est d’ailleurs, l’un des
sujets des récentes discussions des ministres russe et turc des Affaires
étrangères. La Russie exige que la Turquie déploie ses militaires de
sorte à pouvoir cibler les terroristes qui envisageaient de se replier
sur son territoire.
Certains analystes estiment que la Turquie n’aiderait pas les
terroristes surtout dans les conditions actuelles où elle est confrontée
à une crise économique, en raison des sanctions imposées par les
États-Unis à son encontre.
Mais les experts sont unanimes sur un point : l’armée syrienne
entrera, facilement, dans la province d’Idlib, subissant le minimum de
pertes. Les groupes terroristes à Idlib n’ont d’autre option que de
rester dans la zone. Ainsi ils n’auront qu'un seul choix : soit, ils se
rendront aux forces militaires syriennes, soit ils mourront.
C’est d’ailleurs le même sort que les terroristes ont connu dans le
sud de la Syrie après que la Jordanie et Israël ont fermé leurs
frontières et cessé leurs soutiens à l'encontre de leurs agents. La
libération d'Iblib sécurisera l'accès à la Méditerranée, le transit
économique du nord au sud syrien et inverse. La donne va changée
entièrement après la libération d'Idlib.
Press.Tv
Hannibal GENSERIC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.