Ceux qui, aux
États-Unis, n’ont pas été rendus complètement fous par le président Donald
Trump sont probablement en train de se gratter la tête jusqu’à la cavité
sous-durale cette semaine, avec l’imposition de sanctions plus sévères contre
la Russie seulement un mois après qu’il s’est rendu à Helsinki pour réparer les
relations en lambeaux avec le président russe, M. Poutine. La raison officielle
: le solde pour l’empoisonnement à Wiltshire, Royaume-Uni, de Serguei Skripal,
agent double russo-anglais à la retraite et de sa fille Ioulia.
Vraiment ? Pour ça ? Pour un
assassinat raté avec l’un des agents neurotoxiques militaires les plus
puissants du monde qui, soit dit en passant, n’a pas réussi à tuer ses
victimes. (Quelqu’un doit aller informer l’armée russe qu’ils doivent avoir des
problèmes de lots dans leur laboratoire d’agents neurotoxiques.) Oh, en
passant, il y a moins de preuves que ce qui se trouvait sur la poignée de porte
de Skripal, ou dans les Bubble and squeak
qu’ils avaient commandés dans ce restaurant, venait de Russie que du
laboratoire de poisons militaires du Royaume-Uni à Porton Down, non loin de
là.
Ce
nouveau chapitre mystifiant des relations étrangères américaines soulève des
questions séduisantes. Par exemple : pourquoi exactement nous soucions nous
d’un espion russe qui s’est vendu au Royaume-Uni au moment même de l’Histoire
où nous (c’est-à-dire le public américain et ses médias) avons à peine poussé
un soupir à propos du bombardement conjoint saoudo-étasunien d’un bus scolaire
au Yémen qui a tué 43 personnes, principalement des enfants, cette semaine ?
Vous
voulez voir la malhonnêteté du New York Times
en action ? Lisez cette histoire tirée
du journal de ce jeudi (9 août) au sujet de ce bombardement d’un autobus
scolaire. Le papier commence : « Une attaque aérienne
de la coalition menée par les saoudiens a frappé un bus scolaire dans le nord
du Yémen jeudi et a tué des dizaines de personnes, dont beaucoup
d’enfants… » T’as compris ça ? Une « coalition ». Devinez quoi ? Le
Times n’explique nulle part
dans l’article que les États-Unis font partie de cette coalition. « Les
frappes ont été menées conformément au droit international humanitaire… », conclut Le Times parlant de cette l’histoire.
Bien sûr…
Notre
président, que j’aime appeler le Golem d’or
de la grandeur pour son rôle dans la restauration de cette nation boiteuse à
quelque chose d’un film de Jimmy Stewart de 1947 – Mr. Krueger’s Christmas – qui
pourrait être accusé d’avoir trop joué le jeu des sanctions, et donc joue le
blâme [de la Russie, NdT] afin de
démontrer à notre propre État profond combien il n’aime pas la Russie et
son chef, M. Poutine, un suppôt de Satan certifié. La prochaine chose que vous
devez savoir, M. Trump revêtira un peignoir d’évangéliste et lancera des bibles
sur une photo de Vladimir dans l’émission de Don Lemon sur CNN. Ça lui fera
oublier Mueller, face de cheval, n’est-ce pas ? Et ces sales Démocrates
progressistes qui bavent pour avoir leur mise en accusation.
Hélas,
ce stratagème de sanctions peut avoir de graves conséquences – un résultat
presque impensable dans notre culture du Tout-arrive-et-rien-ne-compte. M.
Poutine a répondu au dernier discours sur les sanctions en disant qu’il
pourrait rappeler l’ambassadeur de Russie à Washington. (Je ne suis même pas
sûr de ce qu’il y fait encore, puisque l’incident de Michael Flynn a établi
cette nouvelle notion à Washington que parler à des ambassadeurs de pays
étrangers est en quelque sorte contraire à la loi.) Si vous lisez un peu
d’Histoire, vous remarquerez peut-être que le retrait des diplomates est
habituellement l’un des derniers actes politiques avant la guerre.
Nous
avons besoin d’une guerre avec la Russie, n’est-ce pas ? Eh bien, il est
possible que les factotums de l’État Profond en veulent une – puisqu’ils
hurlent sur la méchanceté de la Russie d’un ton assourdissant depuis deux ans
maintenant. Je me demande quel est leur fantasme autour de cette guerre? Une
autre grande victoire comme sur la Grenade en 1983, notre campagne militaire la
plus réussie depuis la capitulation du Japon en 1945. L’opération Urgent Fury, cette campagne
contre l’une des nations les plus dangereuses des Caraïbes [1], n’a pris que quatre jours pour être bouclée,
et nous n’avons pas eu de problèmes avec ces salauds de Grenadiens depuis.
Par
James Howard Kunstler – Le 10 août 2018 – Source kunstler.com
Traduit
par Hervé, relu par Diane pour le Saker Francophone
Pour
lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive.
Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord
faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques
jusqu’au ciel.
[1] La Grenade
(anglais :
Grenada) est un pays des Antilles. Sa
capitale est Saint-Georges.
Cet État
insulaire de la mer des Caraïbes comprend l'île
de la Grenade, l'île Ronde, l'île de Carriacou
et l'île de Petite Martinique, toutes situées dans la
partie méridionale de l'archipel des Grenadines. En y incluant les îles désertes, le pays possède une superficie de 350 km2.
En 2015, on
comptait 110 694 Grenadiens. La langue
officielle est l'anglais.
L'île de
la Grenade est située à moins de 150 kilomètres au nord des côtes du Venezuela et
de Trinité-et-Tobago. L'île de Carriacou est à
quelques kilomètres au sud de l'île d'Union de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
La
Grenade est membre de l'Alliance bolivarienne pour les
Amériques (ALBA) depuis le
décembre
2014.
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