Récit.
Violemment interpellé le 1er mai dernier au Jardin des Plantes, à Paris,
par Alexandre Benalla et Vincent Crase, Khélifa M. s'est confié à
Mediapart.
Si le jeune couple molesté à Paris le 1er mai dernier, place de la
Contrescarpe, a longtemps été au centre de l'attention, une autre
victime du duo Benalla-Crase s'est confiée à Mediapart,
mardi 14 août. Khélifa M., interpellé par les deux hommes au Jardin des
plantes trois heures plus tôt, raconte qu'il s'est rendu, ce jour-là, à
la manifestation organisée pour la fête du Travail.
Vers 16 heures, il quitte le boulevard de l'Hôpital. « Les gaz
lacrymogènes rendaient l’air irrespirable. Je suffoquais. J’ai perdu de
vue mon ami. J’ai décidé d’aller vers le Jardin des plantes où il y
avait moins de fumée », se rappelle-t-il. Il est alors avec plusieurs
autres manifestants, qui cherchent comme lui à fuir les affrontements. «
Nous nous sommes retrouvés contre les grilles du jardin. On a eu peur
d’être écrasés contre elles. Une femme se sentait pas bien. Et les gens
ont commencé à s’entraider pour escalader les grilles. »
SUR LE MÊME SUJET
L'homme explique ensuite avoir aidé des personnes à entrer dans le
jardin, avant que lui-même n'y pénètre. « Dans le parc, c’était calme.
Il y avait des familles. Entretemps, l’accès au jardin a été ouvert par
les pompiers. Quelques manifestants continuaient de rentrer dans le
parc. Je me suis assis à l’écart pour reprendre mon souffle. Je me
sentais en sécurité. » Il est alors accosté par trois hommes, dont « un
grand brun avec une capuche grise et un homme chauve avec une écharpe ».
« Ils m’ont gazé à plusieurs reprises »
« Sur le moment, je n’ai rien compris. L’un d’entre eux, je ne me
rappelle pas lequel précisément, me tend des pierres en me disant de les
prendre parce qu’elles étaient à moi. Je suis resté perplexe. Je me
suis dit que c’étaient peut-être des policiers de la BAC », précise
Khélifa M. à Mediapart. Selon les déclarations de l'interpellé lors de
son audition auprès des enquêteurs, face à son refus de prendre les
pierres, Vincent Crase le frappe avec sa matraque télescopique. «Je
pense qu’il l’a dépliée, parce que j’ai entendu le bruit et il m’a
frappé direct au niveau du tibia droit. J’en garde encore la marque. »
SUR LE MÊME SUJET
La victime s'enfuit alors. « J’ai eu peur de prendre d’autres coups. Ils
m’ont alors gazé à plusieurs reprises. Au bout du troisième coup de
lacrymogène, je ne voyais rien. Puis j’ai senti une main sur mon épaule
et tout est allé très vite. Je me suis retrouvé au sol. Je me souviens
d’avoir protégé ma tête et j’ai reçu plusieurs coups de pied sur le
corps », se remémore-t-il. Et d'ajouter : « Je leur disais que je
n’avais rien fait et je me rappelle que des passants leur disaient de me
laisser. » Finalement, lorsqu'un autre policier tente de le soigner,
l'un des deux hommes - Crase ou Benalla - lance au fonctionnaire : «
Non, garde ça pour nous. » C’est finalement un autre policier qui
menottera Khélifa M. et le soignera.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.