samedi 29 septembre 2018

C’est l’arrogance israélienne qui a forcé la main à Poutine.


Cela ne devait pas être ainsi en ce qui concerne le Kremlin, mais entre Israël et ses généraux, Poutine a du choisir ces derniers.

La Russie a décidé d’envoyer en Syrie son système S-300 VM et a commencé à livrer le brouilleur de systèmes radar Krasukha 4 et d’autres équipements militaires connexes. Ces installations témoignent du faible niveau qu’ont atteint les relations entre Moscou et Tel-Aviv. La capacité d’Israël à détruire le nouveau système russe en Syrie n’est pas en cause. Israël peut trouver un moyen de le faire. Néanmoins, une telle décision constituerait un autre défi direct au statut de superpuissance de la Russie.
La Russie a fait preuve à plusieurs reprises d’une patience stratégique: lorsque deux de ses avions ont été abattus (d’abord par la Turquie en 2015), les États-Unis ont lancé 59 missiles de croisière au-dessus de leurs têtes et  lorsque les États-Unis ont bombardé des positions syriennes et des entrepreneurs russes à Deir Ezzour. La dernière des nombreuses provocations israéliennes (IL-20) risque de donner à la Russie l’air plus faible qu’elle ne l’est. De cette manière, Israël a forcé la Russie à réagir de manière agressive.
 
La décision russe de livrer ce système de missiles perfectionnés, capable de neutraliser toute cible ennemie d’une portée de 200 km, ne signifie pas que la Syrie commencera à les exploiter demain et pourra ainsi frapper tout jet violant son espace aérien et celui du Liban. La Russie est connue pour sa lenteur de livraison et devra contrôler le déclenchement des missiles en raison de la présence de son armée de l'air dans les airs et de celle de la coalition américaine.
L'arrogance israélienne a poussé le président Vladimir Poutine à sortir de sa zone de confort pour prendre cette décision. Le commandement russe a exprimé sa colère en décrivant Israël comme «très ingrat». En effet la Russie a largement aidé Israël au cours des années de sa présence en Syrie (depuis 2015) au détriment de «l'axe de la résistance», y compris la Syrie. L’objectif de la Russie était de maintenir un équilibre entre cet Axe et ses relations avec Israël, [1]
Le dilemme de la Russie est la difficulté de maintenir un tel équilibre dans ce conflit complexe. Les États-Unis ont, depuis toujours, pris position derrière Israël. La Russie essayait également de s'aligner sur Israël, malgré le fait que Tel-Aviv - un État militaire doté d'un gouvernement - ne soit pas intéressé par l'équilibre. Le dernier comportement d’Israël revient à déclasser et à se moquer de la position de la Russie en tant que superpuissance.
Les dirigeants politico-militaires israéliens n’ont pas hésité d’informer la Russie juste une minute avant l’attaque de l’entrepôt de Lattaquié (dans lequel on fabriquait des pièces de rechange du M-600 syrien, l’équivalent du missile de précision à combustible solide Fateh-110). De plus, Tel-Aviv a intentionnellement mal informé le centre de coordination russe Hmaymeem, affirmant que l’attaque israélienne proviendrait de l’est. Le commandement russe a demandé à l'IL-20 de se déplacer vers l'ouest et d'atterrir à l'aéroport pour éviter d'être pris dans un feu croisé. Mais les F-16 israéliens sont arrivés de l’ouest et non de l’est, entraînant l’abattage de l’IL-20 et la mort de 15 soldats russes.
Les efforts de la Russie pour parvenir à une position équilibrée se sont heurtés aux abus israéliens. Le président Assad a déclaré à son homologue russe - lors de leur dernière conversation - qu'Israël, sous prétexte de frapper des convois d'armes du Hezbollah, détruisait l'infrastructure de l'armée syrienne, l'empêchant de se rétablir. Le Premier ministre Netanyahou a sapé la position en sabotant la position neutre que le président russe a tenté d’adopter.
La posture agressive d’Israël l’a amené à commettre une erreur tactique. Il est maintenant confronté à une crise stratégique car sa condescendance pousse Poutine à armer davantage la Syrie. Mais la décision la plus grave n’est pas la livraison tardive du S-300 VM, mais la décision de fermer l’espace aérien syrien et d’empêcher tout jet hostile de le violer. À cet égard, la Russie pourrait ne pas être en mesure d'éviter une confrontation directe avec les États-Unis, dont les forces (y compris celles du Royaume-Uni et de la France) occupent le point de passage Al-Tanf entre la Syrie et l'Irak, ainsi que la province d'Al Hasaka et une partie de DeirEzzour.
Le S-300 VM peut protéger la côte syrienne, notamment Alep, Homs et Damas. Cela suffirait à protéger le gouvernement syrien et la présence iranienne au Levant. Cela inciterait définitivement Israël à escalader et même à utiliser ses chasseurs furtifs F-35 pour éviter d'être interceptés par le système de défense aérienne syrien. Mais cela constituerait un autre défi direct pour la Russie.
L’Axe de la résistance observe de loin et a décidé de ne pas intervenir pour éviter toute implication dans la décision de Poutine. Ils voient son geste comme positif et un premier pas éloignant Poutine de sa position neutre [une neutralité qui arrange Israël et qui défavorise l’Axe de la Résistance]. Le geste est donc malvenu pour un Israël «ingrat».
La décision russe n’est pas née du vide, mais des actions israéliennes cumulatives visant à paralyser les capacités de l’armée syrienne alors que la Russie tentait de la reconstruire. La décision de Poutine va au-delà des relations entre Israël et Moscou. Une guerre régionale-internationale se déroule au Levant. Toutes les armes sont utilisées sur le théâtre syro-libanais-iranien, à l’exception des bombes nucléaires.
L’axe de la résistance surveille attentivement et tire profit des erreurs commises par les États-Unis et par Israël. Cependant, le dernier chapitre de cette guerre n'a pas encore été écrit. La Syrie aura encore  à libérer al-Hasaka et al-Tanf, tous deux occupés par les forces américaines. La guerre syrienne reste pleine de surprises et les dangers peuvent se multiplier à tout moment.




Les annotations dans cette couleur et la traduction sont d'Hannibal Genséric

3 commentaires:

  1. Le grand danger qui menace Israël n'est pas Poutine, mais ses généraux. L'élimination de Poutine aurait des conséquences imprévues et peut être désastreuses pour les sionistes

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