La ville biblique d’Armageddon* n’est qu’à quelques
kilomètres des balles qui fusent sur le site du dernier massacre de
Gaza, qui nous ont rapprochés de la fin du monde.
Sa cause immédiate a été le dernier effort du puéril
Donald Trump, cette fois pour transférer l’ambassade des USA en Israël
de Tel-Aviv, avec toutes les autres ambassades, à Jérusalem, dont
l’annexion de la moitié par Israël reste à ce jour une occupation
illégale au regard du Droit international.
« Faire des changements permanents » sur un
« territoire acquis par la force » est une infraction pénale – ce que ce
territoire était en 1967, quand Israël l’a pris par la force des armes.
Israël a opéré nombre de ces changements dans les
territoires occupés. Par exemple, le plateau du Golan appartient encore à
la Syrie malgré les nombreuses installations illégales qui y ont été
construites, quelle que soit l’ampleur du vol du pétrole syrien qui s’y
est produit ou le nombre des hôpitaux de campagne érigés par Israël au
bénéfice de Daech ou d’Al-Qaïda. Que, tout comme Jérusalem, le Golan ait
été illégalement annexé ne change en rien la loi ou les opinions des
autres gouvernements du monde. Sauf celles du gouvernement de Donald
Trump.
En fait, tous les présidents américains des cinquante
dernières années ont promis de transférer l’ambassade des USA à
Jérusalem dans le cadre de leurs campagnes électorales. Mais une
campagne, c’est de la poésie et gouverner, de la prose. Aucun des
présidents, une fois élu, n’a donné suite à sa promesse. Sauf Donald
Trump.
Que cette décision allait immanquablement mener à un
bain de sang n’est peut-être pas venu à l’esprit de Trump, mais les
professionnels qui l’entourent le savaient sûrement, que ce soient ceux
qui en étaient consternés au Département d’État ou ceux qui en
salivaient d’avance, comme John Bolton et autres.
Il y a eu de nombreux bains de sang, bien sûr, mais
il y a des bonnes raisons de croire que celui-ci aura des conséquences
durables. Il va sûrement hâter la chute du leader palestinien Mahmoud
Abbas, qui a fait son temps. Il rend plus probable l’ascension politique
du Mandela palestinien, le prisonnier Marwan Barghouti, de derrière ses
barreaux, et facilitera sa prise de succession.
Il peut – temporairement du moins – compliquer la
danse nuptiale presque consommée entre le prince saoudien MBS (Mohammed
Ben Salmane) et le Premier ministre Netanyahou, consolidée par leur
antipathie conjointe envers l’Iran mais aujourd’hui, inévitablement
tempérée par le massacre de Gaza. Le clergé saoudien et les forces
conservatrices du pays n’attendaient qu’une bonne excuse pour
contre-attaquer l’homme qui a censément pendu des membres de sa famille par les pieds
dans l’hôtel Ritz-Carlton jusqu’à ce que des billets de banque leur
tombent des poches, et le massacre leur donne une opportunité
parfaitement halal de le faire.
Cela complique toute possibilité de complicité entre
un leader arabe, quel qu’il soit, avec des provocations israéliennes
contre l’Iran. De nombreux Arabes sont peut-être hostiles à l’Iran, mais
après cette semaine, nombre d’entre eux ont redécouvert leur hostilité
envers Netanyahou.
Le mouvement déjà puissant d’opposition aux crimes
d’Israël contre les Palestiniens dans les pays occidentaux – qui a mené
au succès spectaculaire du mouvement ‘Boycott, désinvestissement et
sanctions’ sur plusieurs continents – va probablement s’intensifier.
Quand je me suis joint au mouvement par solidarité
avec les Palestiniens en 1975, vous auriez pu faire tenir tous les
partisans britanniques de l’Organisation de libération de la Palestine
dans une salle de taille moyenne. Aujourd’hui, Hyde Park ne suffirait
pas à les contenir tous, ou même l’intégralité du centre de Londres. A
cette époque, les populations des pays occidentaux éprouvaient une
réelle affection pour l’État d’Israël. Aujourd’hui, plus personne ne
milite pour Israël par amour, seulement par intérêt. Et l’intérêt est
sur son déclin aussi.
Les USA sont désormais défunts en tant que puissance
de médiation dans le Moyen-Orient. Cette semaine, ce manteau est passé
en douceur sur les épaules de la Russie.
Pour Trump et Netanyahou – à qui leurs forces de
police respectives peuvent être en train de s’intéresser de plus en plus
près – il n’y a plus de retour possible. Qu’ils aient marché si avant
dans le sang que s’ils cessaient maintenant de s’y plonger, retourner en
arrière serait aussi fatigant que d’aller en avant** est évident. Le
matin du massacre, Trump a tweeté « C’est un grand jour pour Israël, un
grand jour ». Pour une fois, il avait raison. Mais pas dans le sens
qu’il aurait imaginé.
George Galloway
15 mai 2018
15 mai 2018
Le politicien George Galloway a été
membre du Parlement britannique pendant presque trente ans. Il présente
des émissions de radio et de télévision (y compris sur RT). C’est un
célèbre réalisateur, auteur et orateur.
|
Traduction Entelekheia
Notes de la traduction :
* Megiddo, aujourd’hui un célèbre site archéologique d’Israël.
** Référence directe à Macbeth, de Shakespeare (acte trois, scène IV).
Source : A short flight to Armageddon : Trump & Netanyahu bringing us closer to end of times
Le vampire se nourrit de sang humain , on le sait .Ce sont des vampires sans FOI ni LOI et respectueux de rien . Ils veulent du sang et toujours de sang et sur la terre ils se disent qu'ils trouveront leurs doses où qu'ils veulent .
RépondreSupprimer