" Israël
se représente lui-même comme étant assis sur un baril de poudre prêt à exploser
à chaque instant et devant se préparer à affronter une nouvelle tentative de
génocide. Il refuse d'admettre qu'il en allume lui-même les mèches.
Selon
les saisons, cette tentative de génocide serait fomentée par les Égyptiens, les
Syriens, les Palestiniens, les Iraniens, les Turcs...
Le pays
et la société vivent dans la
"conviction paranoïde que de vicieux antisémites, vouant une haine
inconditionnelle aux juifs, planifient les prochaines étapes de l'annihilation
du peuple juif."
Gérard Haddad (1)
Quel
contraste !...
Le 8 mai
dernier dans la discrétion, comme dans les autres pays européens, nous avons
célébré la fin de la deuxième guerre mondiale ; la plupart de nos ados ne
savent même pas à quoi correspond ce jour férié…
Par
contre, toutes générations confondues, c’est avec éclat et ferveur que les
Russes commémorent ce qu’ils appellent la fin de "La Grande Guerre
Patriotique". Tous les ans, contrairement à nous, le 9 mai.
Leur
combat acharné, contre les troupes nazis, les ont profondément marqué. Leur
résistance héroïque, leur victoire au prix de sacrifices et de destructions
d’une ampleur colossale, a provoqué une véritable saignée démographique :
près de 30 millions de morts, des millions de blessés et de traumatisés.
De
nombreux films, série TV, sont réalisés en permanence, traitant de cette
dimension apocalyptique, jusqu’au niveau du moindre village ou hameau. Certains
remarquablement bien réalisés, avec ses héros, mais aussi ses traîtres ou
collabos. Beaucoup sont visibles sur "Youtube", quelques uns
sous-titrés en anglais. Très peu en français ; rendant encore plus dense
la désinformation et notre analphabétisme historique, imposés par nos
oligarques sur cette magnifique Nation.
Occasion
d’un grandiose défilé militaire ; snobé par les dirigeants occidentaux,
déclinant systématiquement les invitations du gouvernement russe et, évidemment,
ignoré ou étouffé dans les médias de leur propagande.
Une
différence protocolaire à noter, par rapport à celui de notre 14 juillet :
c’est le ministre de la Défense qui passe en revue (dans une limousine noire au
lieu d’un véhicule militaire) les troupes à pied avant le lancement de la
marche, et non pas le Chef de l’Etat ; puis, monte à la tribune officielle
où se trouve le président de la Fédération Russe, pour lui présenter le salut
des forces armées, lui confirmer leur préparation et attendre son ordre.
Depuis
2012, c’est le général Sergueï Shoïgu qui assure ce rôle.
Remarquable
organisateur, il est une des locomotives de la spectaculaire modernisation des
armées Russes. Succédant, il faut au passage le saluer, à un autre formidable
rénovateur qui a éradiqué gabegie et corruption héritées des années
Eltsine: Anatoly E. Serdyukov. Spécialiste des planifications
budgétaires et de la maîtrise des coûts, il est un des dirigeants les plus
efficaces du pôle industriel militaire actuel.
Ce sont
des personnalités de ce calibre dont nous avons un urgent besoin pour nettoyer notre ministère de la Défense et le fonctionnement de nos armées, en France… Au
lieu des rigolos se succédant, dans la frénésie de la
destruction de pays qui ne nous ont rien fait ; ainsi qu’en atteste les
dernières honteuses contributions de nos armées au ravage et au chaos en Afghanistan, en Libye et en
Syrie.
Chaque
année à 10h00 précise, sous la porte Saint-Sauveur des remparts du Kremlin,
avant de procéder à la revue des troupes, le général Serguï Shoïgu, d’origine mongole né à Tchadan
– République de Touvan (partie de la Mongolie intégrée à la Fédération de
Russie depuis 1945), offre aux spectateurs attentifs un bref moment très
émouvant.
Debout
dans la limousine, tête nue, ce bouddhiste avant de mettre sa casquette, fait le
signe de la croix orthodoxe (avec deux doigts, et non pas avec la main comme
sous nos longitudes).
Symbole
puissant de l’unité de la Russie, mosaïque de peuples et de croyances…
Cette
Nation est entrée dans le XXI° siècle, dans le respect des croyances de
chacun ; qu’elles soient athées, chamaniques, ou religieuses. Alors qu’en
Europe, plus particulièrement en France, nous baignons dans un fanatisme
"laïcard", instrumentalisé par nos oligarques pour nous faire
régresser au temps des Croisades, afin de justifier leurs prédations coloniales
au Moyen-Orient…
Seule
ombre au tableau, cette année, la présence à la tribune d’honneur du belliciste
aussi sanguinaire qu'halluciné : Netanyahou …
Rencontre au sommet entre Président Russe et Émissaire du "Deep
State"
Pourquoi
avoir convié Netanyahou à cette imposante manifestation ?... Invité
de marque du président Poutine… D’autant qu’il s’agissait de la première
manifestation publique, grandiose, inaugurant son nouveau mandat
présidentiel ; à la suite de sa réélection, et sa toute récente
intronisation.
Beaucoup
sur la Toile en ont été choqué d’incompréhension.
En fait,
laissant de côté l’émotion légitime, il convient d’analyser ce qui représente
un magistral geste politique.
Netanyahou n’a pas
été reçu en tant que premier ministre d’une entité coloniale occidentale au
Moyen-Orient. Ce serait aussi réducteur que trompeur en termes de perspective
géopolitique.
Mais, en
tant que représentant, ou porte-parole, du "Deep State" –
L’Etat Profond. Le plus puissant.
Le
véritable président des USA, c’est lui. Le président effectif de l’Europe,
c’est lui. Un coup de téléphone, une visite, auprès des autres responsables des
satellites de l’OTAN, et c’est l’affolement. Les chefs d’Etat occidentaux ne
sont que des pantins face à lui.
Souvenons-nous
de la gestuelle apeurée, obséquieuse, servile, d’un Sarkozy, d’un Hollande ou
d’un Macron, soutenant difficilement son regard. Les politiciens allemands ou
britanniques, sans parler des autres, tout autant.
Recevoir
l’éminent émissaire du Deep State devant ses forces armées dans leur
glorieux apparat, quel savoureux coup d’échec !... Cette rencontre au
sommet est riche de sens. Poutine n’a rien à négocier avec le Deep
State.
Poutine
n’est pas dupe : le
Deep State, Netanyahou le premier avec son hypocrite sourire, le
déteste à titre personnel. Toutes les campagnes de diffamation à son
égard sont puissamment financées et organisées par son industrie médiatique. Il
sait que le véritable "changement de régime"
auquel il ne cesse d’œuvrer, c’est en Russie qu’il le souhaite : retrouver
avec délice les années Eltsine ; de
corruption et de spoliation faciles en faveur des oligarques occidentaux.
S’emparer à bas prix des richesses du pays, en installant des collabos et
gangsters au pouvoir…
Le
président de la Fédération de Russie veut simplement, calmement, c’est son
style, prévenir : « Vous
voulez la guerre ?... Nous sommes prêts. Nous n’avons peur de personne.
Regardez par vous-mêmes… ».
C’est
dire avec bonhomie : "Ne rêvez pas"…
Trois considérations, sans
cesse rappelées par Poutine, sur les intérêts de la Russie, non pas
"coloniaux" comme ceux des occidentaux, mais
"vitaux" ; intrinsèquement liés à la protection de sa
souveraineté et de ses ressources nationales :
=> La guerre
contre la Russie, y compris économique, n’a aucune chance d’aboutir.
=> La Russie, pour la protection de son
commerce maritime, n’abandonnera sa place ni en Mer
Noire ni en Méditerranée et, de ce fait, ses bases navales et
aériennes en Syrie ; consenties à la suite de contrats de location en
bonne et due forme avec l’Etat légitime et souverain Syrien. Quant au chaos
fomenté par les occidentaux, il ne pourra faire éclater cet Etat, et trouvera
son terme par "le politique" et non pas par "la force".
=> La guerre
contre l’Iran ?... Exclue… Aucune guerre ou invasion à ses frontières
ne sera tolérée.
Évidemment,
la Russie ne soutiendra aucune aventure militaire de l’Iran, attaque ou
invasion à l’encontre de ses voisins, proches ou lointains. Par contre, la
Russie sera à ses côtés, en cas d’attaque des occidentaux, quel qu'en soit le
prétexte mensonger, ou la propagande, notamment une soi-disant "destruction
de l’Etat d’Israël". Position identique à celle de la Chine, à l’égard
de la Corée du Nord.
Soutien,
précisons-le, pas simplement sur le plan militaire. Les nombreux accords de
coopération entre Russie et Iran ont un gigantesque impact à moyen et long
terme.
Exemple,
passé inaperçu malgré sa considérable importance, chez les
"géopolitologues" occidentaux : fin 2017 (le 20 septembre
exactement), la Russie a autorisé deux navires iraniens à emprunter ses voies
navigables intérieures (Don – Canal Don/Volga – Volga) pour passer, venant de
la Méditerranée, de la mer Noire via la Mer d'Azov à Astrakhan sur la Mer
Caspienne. (2)
Autorisation
exceptionnelle, offrant ainsi à l’Iran la possibilité d’éviter le Canal de Suez
ou le contournement du continent Africain pour rejoindre le Golfe Persique. De
plus, en cas de blocus éventuel de ses ports du Golfe, cette coopération lui
assure une "profondeur stratégique" d’une immense portée…
Mais,
comme dit le Sage : il n’est pire sourd que
celui qui ne veut pas entendre…
Liaison Mer Noire - Mer Caspienne par les voies navigables intérieures Russes... |
Une paire de claques
Poutine savait
que sa position aurait du mal à être comprise par l’émissaire et ses
commanditaires. Il a donc enfoncé le clou. A son habitude, avec méthode et
détermination. En envoyant une vigoureuse paire de claques pour aider à
mémoriser son message…
Feu vert
a été donné à l’artillerie syrienne pour une opération méticuleusement
préparée, depuis de nombreux mois, en réponse aux attaques incessantes de
l’aviation occidentale, notamment sous pavillon sioniste : le bombardement de tous les
centres de renseignement et de commandement sionistes incrustés dans le
"territoire syrien" du Golan ; toujours illégalement
occupé, malgré les résolutions de l’ONU, non appliquées à ce jour.
Le 10
mai, en pleine nuit, quelques heures après la visite de "délégué" du Deep
State à Moscou, près de 70 (68, pour plus de précision) missiles à
courte et moyenne portée se sont abattus sur les positions israéliennes.
Les
objectifs militaires les plus sensibles et les mieux protégés, dont certains
prétendus "les plus secrets" :
=> Centre de commandement des moyens
techniques et électroniques d’écoute et de décryptage des communications
=> Quartier général des forces frontalières
(code 9900), chargé d’assurer surveillance et renseignement
« visuels » (visual intelligence)
=> Centre de commandement de la guerre
électronique
=> Poste de coordination des tirs des armes
de précision
=> Poste de commandement régional de la
brigade israélienne 810
=> Centre de commandement de la brigade
d’Harmoun
=> Centre de commandement de la brigade
Benastim spécialisée dans les combats d’hiver et de montagne
Leur défense anti-aérienne n’en a intercepté que… "4" !…
La
honte.
Taux d’efficacité inférieur à 6 %.
Ratio habituel pour les missiles anti-aériens US
Patriot, de conception obsolète. Une des
raisons essentielles étant de ne pas tirer sous forme de silos verticaux, comme
les S-300 et suivants, mais en plan incliné : inefficace s’ils sont pris à
revers, comme peuvent le faire des missiles téléguidés volant à quelques mètres
du sol…
Commotionnés, soufflés, c’est le cas de le
dire, les israéliens n’en sont pas revenus.
Bien
sûr, ils ont voulu venger l’affront. Ripostant par des tirs de missiles à
partir de 28 avions se relayant au-dessus du Liban, pour vite s’abriter
derrière ses montagnes : on n’est jamais assez prudent… Ce sont donc 70
missiles, qui ont été lancés, dont 70 % neutralisés par la défense anti-aérienne
Syrienne. Les Syriens admiraient ce feu d’artifice,
applaudissant de leurs balcons et terrasses.
Paniquée, l’industrie de la propagande
occidentale réactiva fébrilement ses fourneaux, avec deux
objectifs : dissimuler l’ampleur de la correction ; et, trouver un
bouc émissaire, pour ne pas mettre en cause la Syrie qu’on avait menacé des
pires châtiments en cas de contre-attaques aux agressions israéliennes. Pour
éviter de se déjuger, rien de plus facile que de mettre en cause l’Iran, et ses
fantasmatiques "bases" en Syrie.
D’où, la
même rengaine dans tous les pays occidentaux.
En
France, on nous repassa la soupe de "l’arc chiite",
pour prétendre que les Iraniens avaient tiré une "vingtaine de
rockets" ; des primitifs, ils ne savent pas utiliser des
missiles téléguidés … Alors qu’Israël à son habitude, n’a pas hésité à répondre
de façon "démesurée", "disproportionnée",
"massive"… Faire croire qu’Israël bénéficie toujours d’une force
supérieure à celle de ses voisins, et de l’impunité ; « Israël
se sent pousser des ailes », affirme un imbécile dans un article…
Du
délire, ou de la propagande pur sucre, pour ne pas changer.
Certains
"analystes", qui nous avaient habitués à plus de sérieux, n’ont pas
hésité à servir à la louche des énormités. Telles celles-ci que je ne peux
m’empêcher de citer (3) :
« Téhéran
avait le choix d’attaquer soit des soldats US, soit Israël. Le général
Qassem Soleimani a choisi le Golan syrien […], la Force al-Qods des
Gardiens de la Révolution iraniens – l’élite militaire iranienne – a attaqué
Israël depuis ses bases en Syrie.»
Quelques
réajustements, devant cette cynique et grossière désinformation :
i) Le général Qassem Soleimani est
le chef de la branche des "forces spéciales" des Gardiens de la
Révolution. Il est en charge, en Syrie, des opérations de formation,
d’entraînement et de conseil tactique, à la demande du gouvernement concerné,
pour combattre les mercenaires de l’OTAN, aux côtés
des Syriens et des Russes.
Comme
dans les autres pays, ce sont des professionnels spécialisés dans des actions
de commando ; en aucun cas des artilleurs.
ii) Jamais ce général ne se permettrait de
lancer une opération armée contre un pays frontalier, au mépris de la
souveraineté du pays hôte et de ses alliés, en l’occurrence les Russes.
iii) Le voudrait-il qu’il faudrait en avoir
les moyens : en Syrie, toute opération militaire d’envergure s'effectue
dans une coordination étroite, une rigoureuse planification, avec les forces
Russes et Syriennes.
iv) En Syrie, l’Iran n’a aucune base, ni matériel,
pouvant être utilisé dans une confrontation avec un autre Etat. Prétendre le
contraire est pure affabulation.
v) Le
général Qassem Soleimani, au-delà de son courage légendaire,
connu pour sa discrétion, sa discipline et sa prudence, prend soin d’éviter,
dans toutes ses missions, les provocations ; tout particulièrement, celles
orchestrées par la propagande occidentale.
Cette
effervescence dans la désinformation et la diabolisation des personnes et des
nations est le signe évident que "la roue tourne"…
Malgré
aboiements rageurs et moulinets hystériques de leurs
"va-t-en-guerre", les
occidentaux doivent comprendre que la stratégie du chaos et de l’affrontement
joue, avec le temps, en leur défaveur.
1. Gérard Haddad, Lumière des Astres Éteints - La psychanalyse
face aux Camps, Grasset, 2011, p. 243.
N.B. : Un
des rares, si ce n'est le seul, intellectuel juif français, psychiatre et
psychanalyste, à promouvoir avec courage une vision lucide de la société
israélienne (au sein de laquelle il a exercé pendant trois ans) et de sa caste
politique ; et, mesurée autant qu'humaine de la tragédie Palestinienne et du
Moyen-Orient.
Le fait
qu'il soit originaire du Maghreb, avec une enfance heureuse et paisible en
Tunisie, lui apporte, peut-être, cette dimension d'équité et de compassion...
2.
Khan, La
Russie autorise deux navires iraniens à emprunter ses voies navigables
domestiques, Le Portail des Forces Navales de la Fédération de
Russie, 26 septembre 2017,
3.
Thierry Meyssan, L'Iran et Israël ont-ils déclaré une nouvelle
guerre ?, Réseau Voltaire, 10 mai 2018,
N.B.
Il est triste de constater la lente et inexorable dérive au fil du temps, de
celui qui fut un courageux combattant contre la désinformation, vers thèses,
argumentaires et bobards atlantistes...
Même les
héros peuvent être fatigués, et avoir le droit de songer à une retraite méritée
et confortable.
14/05/2018
VOIR AUSSI :
Thierry Meyssan a une dent contre l’iran lui le trumpophile, je sens une certaine opposition dans ses écrits sur les régimes appartenant à l’hortodoxie religieuse ... autant d’ames que de porte parole sur cette planète ...
RépondreSupprimerWow, article qui remonte le moral. Merci.
RépondreSupprimerEn passant, à l'évocation de la "gestuelle apeurée, obséquieuse, servile, d’un Sarkozy, d’un Hollande ou d’un Macron", on ne peut oublier celle du pape en visite à Jérusalem, devenu VRP du nouvel ordre mondial, en visite chez les patrons.