La Russie a annoncé il y a quelques
jours la livraison de missiles sol-air S300 à l’armée syrienne. Au
premier abord cette nouvelle est logique : face à la dernière agression
américano-franco- anglaise contre la Syrie, le Kremlin décide de
renforcer la défense aérienne de son allié afin de décourager toute
nouvelle tentation belliqueuse.
La défense anti-aérienne de la Syrie
n’est certes pas catastrophique comme l’a prouvé la destruction en vol
de plus de 70 des missiles américains lancés vers Damas et Homs. De
plus, chacun a encore en mémoire la destruction de deux F16 israéliens en
février dernier à la suite d’un énième raid en Syrie de l’aviation de l’État hébreu. C’était la première fois depuis trente ans qu’Israël
perdait des avions dernier cri. La Syrie avait utilisé de vieux missiles soviétiques [1].
Depuis, celle-ci ne s’y est d’ailleurs
plus risquée et la dernière attaque contre une base syrienne s’est faite
depuis le Liban, l’aviation israélienne se gardant bien de s’aventurer à
nouveau dans le ciel syrien. On notera à ce propos que ces violations
répétées de l’espace aérien de ses voisins par Israël n’émeuvent pas
beaucoup les pays occidentaux : il semble aujourd’hui acquis qu’Israël
se situe au-dessus du droit international…
La livraison de ces S300 est en fait une
vieille histoire.
Voilà plusieurs années que Damas les espère et qu’Israël les redoute. C’est d’ailleurs à la demande de l’État hébreu que Poutine a accepté à plusieurs reprises d’en différer la livraison [2].
La diplomatie de Poutine est très différente de celle du monde occidental qui ferait bien parfois de s’en inspirer : pas de leçons de morale et les dirigeants ne sont pas classés en bons et en méchants ; il y a des alliés que l’on ne lâche pas, mais on parle avec tout le monde, même à ceux qui attaquent son allié. Nous sommes loin des postures idéologiques des Américains et des Européens.
Voilà plusieurs années que Damas les espère et qu’Israël les redoute. C’est d’ailleurs à la demande de l’État hébreu que Poutine a accepté à plusieurs reprises d’en différer la livraison [2].
La diplomatie de Poutine est très différente de celle du monde occidental qui ferait bien parfois de s’en inspirer : pas de leçons de morale et les dirigeants ne sont pas classés en bons et en méchants ; il y a des alliés que l’on ne lâche pas, mais on parle avec tout le monde, même à ceux qui attaquent son allié. Nous sommes loin des postures idéologiques des Américains et des Européens.
Mais aujourd’hui la donne a changé et
cette annonce est une réponse envoyée à la coalition. Que les
Occidentaux continuent à prendre pour argent comptant toute provocation
d’attaque chimique en Syrie doit engendrer une parade. Il serait
d’ailleurs intéressant de savoir qui finance ces fameux casques blancs,
toujours présents dans les grands moments de manipulation et
parfaitement relayés par les médias occidentaux.
Cela étant, ce n’est pas Poutine lui-même qui annoncé cette livraison, ce qui signifie qu’un différé est encore envisageable.
Un autre élément important est à noter :
les bases russes de Tartous et Hmeimim sont dotées de missiles S400,
extrêmement performants. Il n’a jamais été question que les bases
syriennes en soient dotées : les Israéliens en feraient un casus belli
et donc les Américains aussi. Avec les S300, nous sommes à la lisière.
Poutine sait jouer aux échecs mais ne veut mettre personne mat, hormis les islamistes bien sûr.
C’est grâce à cette subtile diplomatie
qu’il est aujourd’hui le seul chef d’État qui peut parler avec tous les
acteurs du dossier syrien.
NOTES
Bonne décision. Elle intervient au moment où :
RépondreSupprimerhttps://www.mondialisation.ca/paquet-bombe-nucleaire-en-provenance-des-usa/5625496
Par Manlio Dinucci
Mondialisation.ca, 08 mai 2018
ilmanifesto.it