Il y a quelque chose de
profondément changé dans le ton de l'émissaire Martin Griffiths. Une
semaine auparavant le Britannique, chargé de pousser les Yéménites à la
capitulation, appelait les "Houthis" à quitter Hudaydah et à en remettre
le contrôle à l'ONU. Depuis deux jours, il ne jure que par un seul mot "
trêve". Est-ce pour éviter des "pertes civiles" et alléger "les
souffrances du peuple yéménite"? Rien n'est moins sûr. La guerre
mondiale contre les "Houthis" semble avoir fait long feu ou
néanmoins elle a du plomb dans l'aile.
Une guerre mondiale se déroule sur la côte ouest du Yémen.
Trois
puissances occidentales à savoir les États-Unis, la Grande-Bretagne et
la France, aidées par Israël, pilotent sous couverture saoudo-émirti et
depuis leur base au sud de l'Érythrée l'une des plus "sales" offensives
militaires de l'histoire de l'humanité contre un port où vivent
600.000
civils yéménites, victimes depuis 2015 d'un blocus inhumain.
Leur objectif consistait ni plus ni moins à s'emparer du port
stratégique de Hudaydah sur la mer Rouge et à pousser Ansarallah, une
fois l'opération finie avec succès, à lever les mains et à céder.
L'offensive, la plus violente qui soit depuis ces 40 derniers mois,
aurait du aboutir en moins de 15 jours à la "neutralisation" des
Houthis.
D'où le culot avec lequel Américains, Français et Britanniques
ont choisi de sortir des limbes et de réclamer très clairement leur
implication directe dans les combats contre les forces yéménites.
Au moins 15 brigades composées d'anciens militaires, fidèles à
Ali
Abdallah Saleh et placées sous le commandement
d'Ali Mohsen al-Ahmar,
combinées à 5 autres brigades appartenant aux mercenaires de Hadi ont
lancé l'assaut contre Hudaydah. À cette opération prennent également
part de deux autres brigades de
militaires soudanais pro-Riyad ainsi que
des forces proches d'Islah, parti frériste du Yémen.
Un bataillon de
militaires français, un groupe de militaires britanniques et un régiment
de forces US prennent part aussi à l'offensive.
La tactique militaire de la coalition
Faire le feu aussi lourdement que possible et employer des troupes
massives dans un double objectif : faire peur à Ansarallah tout en
faisant remonter le moral aux troupes de "la coalition à et réduire leur
bilan de pertes. À en croire certaines sources, le binôme
saoudo-émirati aurait roulé Américains, Britanniques et Français dans la
farine en leur racontant que les "va-nu-pieds" d'Ansarallah ne
sauraient résister à la puissance du feu de la coalition, si l'occident
prenait part à la bataille de Hudaydah. Lecture trop optimiste toutefois
quand on sait que depuis 2015, les velléités
expansionnistes israélo-américaines en mer Rouge et au détroit
stratégique de Bab el-Mandeb ont sans cesse alimenté les criminels de
guerre saoud-émiratis. Et puis la parfaite synergie dont fait preuve
Griffiths avec les Occidentaux permet de douter de cette version.
Mais tout ce branle-bas de combat pour quel résultat?
Or les va-nu-pieds d'Ansarallah ont bien surpris les agresseurs :
doté d'un moral de fer, ces combattants de montagne ont réussi à stopper
net la machine de guerre US/Otan aux portes de l'aéroport de Hudaydah
dont les médias "mainstream" ne cessent de déclarer la chute.
Passé maître en guerre asymétrique, Ansarallah se serait infiltré par de
petit groupes dans les rangs ennemis de façon à empêcher la coalition
de recours à des raids aériens massifs ou à des frappes maritimes.
Aussi
bien les Américains que les Français ou encore les Britanniques n'ont
aucun intérêt à rapatrier depuis la côte ouest yéménite les cercueils de
leurs propres soldats.
Tout ceci a mené le Britannique Griffiths à mettre de l'eau dans son
vin guerrier dès mardi 19 juin : de concert avec le CentCom
arabo-Otan l'émissaire en est désormais à demander non pas une reddition
d'Ansarallah et une remise du contrôle du port de Hudaydah à l'ONU mais
bel et bien, une trêve.
Or pour toute trêve, Ansarallah, demande un
préalable : le retrait des troupes d'occupation. Sur le terrain, la
machine de guerre US/Otan s'est stoppée à la porte de l’aéroport dont la
chute a été annoncée à plusieurs reprises. Le porte parole de l'armée
yéménite ridiculisait d'ailleurs cette récurrente annonce en demandant
aux journalistes ceci : si l’aéroport est tombé, dites moi pourquoi la
coalition le bombarde rageusement?"
Les troupes d'occupation se sont arrêtées à quelques kilomètres de
l’aéroport, lui-même situé à 10 kilomètres de Hudaydah.
Au mois 700 soldats liées à l'axe arabo-occidental sont morts depuis 5 jours tandis
que le bilan des blessés dépasse les 1500. Alors que la "coalition"
peine à faire avancer ses troupes à Hudaydah, Ansarallah a fait une
bonne percée à Marib en libérant deux localités stratégiques au bout de
deux ans d'occupation.
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