La belliqueuse rhétorique de Mike Pompeo contre
Téhéran ne laisse plus aucun doute sur le fait que Washington est en train de
devenir le renégat du monde.
Le discours de Pompeo, prononcé en qualité de secrétaire
d’État, témoigne d’un mépris flagrant pour l’intégrité des traités
internationaux et le respect du droit international. Il démontre également que
les derniers vestiges de crédibilité dont jouissent les États-Unis sont en
lambeaux devant un monde fatigué, lassé d’une administration Trump qui, par ses
caprices et ses menaces continuelles, ressemble plus à une famille mafieuse
new-yorkaise qu’à un gouvernement respectable et responsable.
Avec le retrait de Donald Trump du Plan d’action
global conjoint (JCPOA), mieux connu sous le nom d’accord sur le nucléaire
iranien, son administration s’est engagée sur la voie d’un conflit contre
l’Iran, en collaboration avec ses alliés régionaux, Israël et l’Arabie
saoudite. Ensemble, ils forment un axe d’agression qui met en péril la
stabilité de la région, avec des conséquences potentiellement graves pour le reste
du monde, compte tenu de l’appel d’air qu’un tel conflit régional apporterait à
l’extrémisme et au terrorisme mondial.
Ce retrait crée également un dangereux précédent à un
moment où il faudrait trouver une solution pacifique à la crise en cours en Ukraine
et assurer le succès du processus inachevé de paix et de réconciliation dans la
péninsule coréenne.
Ainsi, les conséquences désastreuses de la puissance
effrénée de l’hégémon impérial qui trône à Washington n’ont jamais été aussi
manifestes, avec sa volonté de dominer et de forcer par la douleur de la
guerre, symptôme d’un empire qui cherche désespérément à arrêter son déclin, et
dont le processus l’entraîne dans une phase de folie furieuse.
Soyons clairs : la décision de l’administration Trump
de se retirer du JCPOA n’a rien à voir avec son respect par l’Iran, qui a été impeccable, et tout à voir
avec le programme hégémonique de Washington à l’égard de la région − un
programme hégémonique qui date d’avant Trump.
Ce sont l’Iran, la Syrie et le Hezbollah − ainsi
que la Russie − qui constituent un axe anti-hégémonique, si ce n’est sur
une base formelle certainement sur une base factuelle, axe qui doit être brisé.
C’est pour cette raison et pour aucune autre que Trump, Netanyahou et Bin
Salman ont l’intention d’utiliser la force contre l’Iran, sans tenir compte des
probables résultats catastrophiques.
Ils ont perdu en Syrie, où l’effort pour renverser le
gouvernement Assad a été contrecarré en grande partie par la Russie, l’Iran et
le Hezbollah − aux côtés du peuple syrien et de l’armée arabe
syrienne − et en réponse, ils ont l’intention de régler leurs comptes.
Où en est l’alliance transatlantique ?
Une autre victime de l’attitude de Trump envers l’Iran
est l’alliance transatlantique entre Washington et ses divers alliés européens,
considérée par ses partisans comme le pivot inébranlable et irremplaçable de la
démocratie moderne.
L’insouciance avec laquelle l’administration Trump
s’est montrée disposée à ignorer la position de la France, de l’Allemagne et du
Royaume-Uni envers l’accord iranien est révélatrice ; preuve s’il en est que la
soi-disant alliance entre amis et partenaires est plutôt semblable à celle qui
existait entre Rome et ses divers satellites et États clients durant les jours alcyoniens
d’un ancien Empire, qui a fait l’erreur de croire que sa puissance et son existence
était éternelle.
Cet aspect particulier de la crise, qui implique la
perspective de sanctions américaines non seulement contre l’Iran, mais aussi
contre des entreprises britanniques, françaises et allemandes opérant en Iran,
reflète à quel point les néoconservateurs sont toujours au volant de la
politique étrangère américaine, toute reste de façade de convenance étant
maintenant abandonnée au profit d’un impérialisme brut.
Jamais l’attachement servile de l’Europe aux
prétendues vertus de l’unipolarité n’a été aussi visible, avec Emmanuel
Macron − l’incarnation même d’un centriste libéral confiné, un leader à
qui le mot « opportuniste » va comme un gant − laissé à la rue
comme le proverbial larbin après avoir été frappé par son seigneur et maître.
La réalité douloureuse du manque d’indépendance de
l’Europe par rapport à Washington − indépendance du type de celle que
Charles De Gaulle avait l’habitude de déclamer : « Oui, c’est l’Europe, de
l’Atlantique à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe qui décidera du
sort du monde » − a été mise à nu. C’est un test pour l’Europe. Se
courbera-t-elle face à l’arrogance et à l’attitude belliqueuse de
l’administration Trump ? Ou bien s’éveillera-t-elle et émergera-t-elle, enfin,
des griffes de Washington pour jouer un rôle positif et progressiste dans les
affaires du monde ?
Pourtant, il est difficile d’imaginer des dirigeants
d’un calibre aussi douteux que Theresa May et Emmanuel Macron ailleurs que dans
les griffes de Washington, et les derniers espoirs de Macron d’avoir exercé une influence sur Trump au sujet de la Syrie sont
partis en fumée. La réalité est que le président français, Emmanuel Macron, a
autant de poids à Washington que l’aile d’une mouche.
Le choix de l’Europe − unipolarité ou
multipolarité
Une crise est aussi une opportunité, nous disent-ils,
et cette crise particulière présente l’opportunité d’un réalignement européen,
forgé sur la compréhension que le facteur déstabilisateur en Europe n’est pas
et n’a jamais été la Russie ; que c’est et a toujours été les États-Unis.
Économiquement, culturellement et politiquement, l’identité de l’Europe a été
progressivement transformée en une identité américaine, avec son culte
régressif et superficiel de l’individu, d’un capitalisme sans entraves, et de
la puissance en guise de loi.
Le choix qui s’offre à l’Europe est donc clair. Soit
elle reste attachée au mât du navire de l’unipolarité qui coule, soit elle se
joint à la Russie, à la Chine et au reste du monde pour former une alternative
multipolaire, enracinée non pas dans le caprice d’un président à Washington,
mais dans les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, en
particulier le respect de la souveraineté nationale et du droit international.
Pour en revenir à l’Iran, qui se trouve maintenant
fermement dans la ligne de mire du changement de régime pour la seule raison
qu’il refuse de s’incliner devant le diktat washingtonien, il n’y a plus moyen
de ne pas prendre parti. Si les pays menacés par cette éruption de l’agression
américaine ne se joignent pas les coudes, ils seront pris à parti l’un après
l’autre.
L’hégémonie exige une réponse sous la forme d’une
anti-hégémonie. L’avenir des générations qui ne sont pas encore nées dépend
complètement de cela.
Par John Wight – Le 22 mai 2018 – Source Russia Today
Traduit par Wayan, relu par Cat pour le
Saker Francophone.
Les actions du DONALD face à l'EUROPE ressemblent à un combat de JUDO .
RépondreSupprimerIl est inevitable:UN DES 2 COMBATANTS doit mordre le sol .La question est qui et dans combien de temps ?
L'alternative la plus sage reste pour les Européens de se tourner vers L'EST : IRONIE DU SORT !!!!!!