dimanche 3 juin 2018

Comprendre les ambiguïtés politiques russes


Ces deux dernières semaines, des événements vraiment tectoniques se sont produits simultanément aux États-Unis, en Russie, en Israël, en Syrie, en Iran et dans l’Union européenne. Je crois qu’il serait aussi raisonnable de dire que la plupart de ceux qui s’opposent à l’Empire anglosioniste ont éprouvé des sentiments allant de la légère déception à la consternation totale.

Je dirais que ces deux dernières semaines, la Russie a subi non pas une mais plusieurs catastrophes en termes de relations publiques. Je dirais aussi que les sionistes ont remporté quelques énormes succès en termes de relations publiques. Mais je veux vous suggérer que les catastrophes et les réussites en termes de relations publiques ne sont pas tout à fait les mêmes que des victoires réelles et tangibles.
Poutine déçoit
Résultat de recherche d'images pour "les ambiguités russe la cause du peuple"Résumé rapide : Poutine a renommé Medvedev [1er ministre, NdT], il a nommé Alexei Koudrine président de la Cour des comptes de Russie et Vitali Moutko comme vice-Premier ministre chargé de la construction, puis il a invité Bibi Netanyahou au Kremlin alors qu’Israël bombardait la Syrie juste avant, pendant et après la visite de Netanyahou. Enfin, il y a le zigzag indigne sur les S-300 pour la Syrie : d’abord, oui, nous le ferons, puis non, nous ne le ferons pas.
Tous ces événements peuvent et devraient être soigneusement analysés et expliqués, mais je ne pense pas que cela ait du sens de nier que la plupart des gens éprouvent un sentiment de déception à propos de tout cela.
Je dirais que même ceux qui pensent que ce n’est pas très important et que rien de terrible ne s’est passé ne nieront pas, s’ils sont honnêtes, que Poutine doit avoir su, sans aucun doute, que ses décisions seraient impopulaires auprès du public russe et que, très inhabituellement pour lui, il a délibérément choisi d’ignorer sa seule opinion publique et de favoriser d’autres considérations. C’est quelque chose de très nouveau et, je pense, quelque chose d’important.
En gros, deux camps se disputent le pouvoir au Kremlin :
- Le premier groupe, les intégrationnistes atlantiques, est un pur produit des années 1990 (les années de l’ivrogne Eltsine). Nous pouvons penser à eux comme à des « libéraux », du genre FMI/Consensus de Washington/OMC/ Banque mondiale ; des gens arrivés au pouvoir grâce au régime des oligarques qui a gouverné la Russie de 1990 à 2000 et qui étaient à la fois profondément pro-américains et avaient des liens très étroits avec Israël et les diverses organisations politiques juives et sionistes en Occident.
- Le deuxième groupe, les souverainistes eurasiatiques, est principalement un produit des forces armées et des services de sécurité.
Le « pont » entre les deux est, d’ailleurs, le complexe militaro-industriel russe dans lequel les deux groupes sont représentés. Sans surprise, la plupart des « élites » russes (définies simplement comme des gens qui ont fait fortune ou au moins se sont fait une bonne vie dans les années 1990 de corruption massive et après) soutiennent les intégrationnistes atlantiques, tandis que la plupart des Russes « moyens » soutiennent massivement les souverainistes eurasiatiques. C’est la raison pour laquelle Poutine est si populaire et Medvedev ne l’a jamais été.
Ce qui est intéressant est d’aller voir comment ces groupes sont reliés à Israël et au sionisme.
- Les intégrationnistes atlantiques  sont pro-israéliens jusqu’au bout des ongles. Pour eux, Israël est un pays tout à fait normal, à admirer même, car ils ont tous des liens personnels/familiaux et d’affaires avec des Israéliens en Israël et aux États-Unis [Ils ont des accointances étroites avec la maffia judéo-russe de New-York. Voir La Mafia judéo-russe : du Goulag à Brooklyn à la domination mondiale]. . Alors qu’il n’y a pas de version officielle de l’AIPAC en Russie, disons seulement que l’ADL donnerait aux intégrationnistes atlantiques la meilleure note en loyauté et en service.
- Les souverainistes eurasiatiques : ici les choses sont beaucoup plus compliquées. Certains sont profondément antisionistes idéologiquement, tandis que d’autres ne s’en soucient pas vraiment. Comme je l’écris souvent pour les Russes, les musulmans ne sont pas des « aliens » comme les perçoivent de nombreux Occidentaux, et les juifs ne sont pas non plus des « aliens » pour les Russes. La Russie est et a toujours été, et reste une société multiethnique et multiconfessionnelle dans laquelle la présence des « autres » est tout simplement une réalité.
Ensuite, il y a le facteur de la Seconde Guerre mondiale, que les Israéliens et les Russes sionistes ont été extrêmement habiles à exploiter au maximum : les Russes et les juifs sont unis dans la mémoire commune des horreurs que leur ont infligées les Nazis. Résultat, vous trouverez que la plupart des Russes antisionistes, alors qu’ils ne sont assurément pas « ADL compatibles » dans leurs opinions, haïssent les Nazis et tout ce que le racisme occidental représente, exactement comme les juifs. En fait, lorsqu’ils sont confrontés à la vague moderne de russophobie enragée, de nombreux Russes disent « nous sommes les nouveaux juifs », voulant dire par là que tout le mal dans le monde leur est imputé, sans égard pour les faits ou la logique. Que cela vous plaise ou non, cette mémoire commune lie profondément les Russes et les juifs.
L’Empire contre-attaque
Les deux dernières années ont été terribles pour les sionistes, tant aux États-Unis que dans le monde. D’abord il y a eu la défaite cuisante de leur candidate aux États-Unis et l’élection d’un candidat qu’ils haïssaient passionnément. Ensuite, il y a eu l’intervention russe en Syrie, qui les a empêchés de renverser le dernier régime laïque de « résistance » dans le monde arabe. En Russie, « leurs » intégrationnistes atlantiques perdaient lentement mais sûrement du pouvoir et, dans l’ensemble, les sanctions occidentales se sont révélées une bénédiction pour la Russie. La popularité de Poutine atteignait de nouveaux sommets et la « maison sioniste » mondiale était en feu. Aux États-Unis, les sionistes contre-attaquent à la vitesse de la lumière et avec une efficacité dévastatrice, brisant Trump en à peu près 30 jours (comme le montre la trahison par Trump de Flynn et plus tard de Bannon). Après cela, Trump a fait de l’apaisement de l’AIPAC son boulot à plein temps.
Mais il restait encore un problème : alors que les États-Unis étaient repris sous contrôle, la Russie, entretemps, avait réussi à développer ses capacités à neutraliser totalement tout le système ABM américain, à rendre la plus grande partie de la flotte de surface obsolète et à compromettre gravement la capacité d’opération de la puissance aérienne américaine dans un espace aérien contesté par les défenses aériennes russes modernes. Autrement dit, en termes strictement militaires, c’était « jeu, set et match pour la Russie ».
C’est pourquoi la Russie, bien qu’elle n’ait qu’un petit contingent, a réussi à inverser le cours de la guerre en Syrie et confronte aujourd’hui les Anglosionistes à un défi frustrant : un minuscule contingent (par comparaison) de forces russes a fait totalement dérailler les plans de l’Empire pour l’ensemble du Moyen-Orient ; non seulement il y a un véritable changement de paix qui surgit en Syrie, mais la situation est loin de voir les takfiris et les chiites s’entretuer en Syrie et au Liban (une partie essentielle du plan israélien pour la région). Le Hezbollah, l’Iran et les Syriens constituent aujourd’hui une coalition victorieuse sur le terrain contre les forces de l’« Axe du Bien », qui sont carrément défaites.
Donc les Israéliens ont décidé d’un plan de contre-attaque simple, très efficace et très dangereux : 1) lancer une guerre entre les États-Unis et l’Iran en créant une crise aiguë à la suite du non-respect par les Américains de leurs obligations légales et  
2) attirer l’Iran dans une contre-attaque en réponse aux opérations aériennes d’Israël contre l’Iran et les forces pro-iraniennes en Syrie. Mais pour que ce plan réussisse, il fallait que la Russie reste à l’écart.
Jusqu’à présent, au moins il semble que les Israéliens aient convaincu les Russes de se tenir à l’écart. Mais cette perception est-elle vraiment fondée ?
Les facteurs qui inhibent la Russie
Tout d’abord, la Russie n’a absolument aucune obligation légale ou morale de soutenir, protéger, armer, former ou assister d’une quelconque manière quiconque au Moyen-Orient. La Russie a déjà fait plus pour la Syrie que tout le monde arabo-musulman dans son ensemble, à l’exception notable de l’Iran et du Hezbollah. Quant au monde arabo-musulman, il n’a jamais rien fait pour la Russie et ne fait toujours rien. Donc ceux qui aiment se plaindre de la Russie qui n’en fait pas assez n’ont pas lieu de le faire.
Deuxièmement, les forces aérospatiales et de défense aérienne russes en Syrie n’ont qu’une seule mission : protéger la force d’intervention russe en Syrie. Celui qui a pensé que la Russie est supposée abattre des avions israéliens n’a pas pris garde aux déclarations publiques russes à ce propos. L’idée que la force d’intervention russe en Syrie est là pour se confronter aux forces US/OTAN/CENTCOM est tout aussi ridicule.
Troisièmement, et contrairement à une idée fausse très répandue, le gouvernement syrien, l’Iran et le Hezbollah ont des programmes différents au Moyen-Orient. Oui, ce sont des alliés de facto. Ils ont aussi les mêmes ennemis, ils travaillent souvent ensemble, mais tous pensent d’abord à leurs propres intérêts. Penser que l’un d’entre eux ou tous se porteront immédiatement à la défense de l’un d’entre eux est suprêmement naïf, surtout lorsque l’agresseur (Israël) est soutenu par la pleine puissance d’un Empire déjà emporté par le bellicisme.
Quatrièmement, la triste réalité est que la Russie, contrairement à l’Iran, n’a jamais pris de position de principe sur la nature et le comportement de l’État d’Israël. Je le déplore vivement, et je considère que c’est une honte, mais je m’empresse d’ajouter que cette honte est partagée par tous les pays sur la planète, hormis l’Iran, la Bolivie et peut-être, dans une certaine mesure, la Turquie. Sans vouloir excuser, mais uniquement pour expliquer, il y a très peu de conscience chez les Russes de la vraie nature du comportement des Israéliens et la plus grande partie de ceci est dû aux médias, désespérément pro-israéliens (d’où la présence presque permanente de gens comme Iakov Kedmi, Avigdor Eskine, Evgueni Satanovskii et d’autres agents israéliens à la TV russe). Les médias russes, en particulier les stations de télévision, pourraient facilement obtenir un « label de qualité ADL ». Bref : la vaste majorité des Russes ne ressent pas que la détresse des Palestiniens ou les constantes attaques d’Israël contre ses pays voisins soient leur problème.
Cinquièmement, même les analystes et les médias souverainistes eurasiatiques en Russie ont cet « angle mort » absolument stupéfiant à propos d’Israël et de l’idéologie sioniste : je pense à des analystes que j’admire et respecte sincèrement (comme Serguei Mikheïev ou Rouslan Ostachko), dont les analyses sont superbes sur à peu près tout et qui ne mentionnent simplement jamais le pouvoir et l’influence de ce qui est clairement un lobby pro-israélien puissant en Russie, en particulier dans les médias (même lorsqu’ils mentionnent le pouvoir du lobby israélien aux États-Unis). [Voir : Le Jared Kuchner du Kremlin: le juif qui épouse la fille de Poutine puis fait fortune]. Compte tenu du ton différent d’une grande partie de l’Internet russe, ma seule explication à cette situation est que toutes les déclarations anti-israéliennes ou antisionistes publiques mettent fin aux carrières en Russie (nous voyons le même phénomène se produire avec RT et Sputnik). 
[Notre blog, bien que francophone, était très suivi en Russie, jusqu’en septembre 2017. Depuis cette date, il est devenu quasi inaccessible en Russie. Ce sont des lecteurs russes qui me l'ont signalé. Comme  nous y dénonçons le lobby juif et la politique raciste d’Israël, les autorités l’ont peut-être étiqueté anti sémite. Le lobby juif serait-il plus puissant en Russie qu’il ne l’est en France ou aux USA, ces deux derniers pays ayant le plus grand nombre de lecteurs de notre blog].
Sixièmement, beaucoup de gens en Russie réalisent pleinement deux choses simples : d’abord, une guerre entre l’Iran et l’Empire serait désastreuse pour ce dernier (et par conséquent excellente pour la Russie) et ensuite que les Iraniens sont également des alliés « problématiques », qui ont leur propre version des « atlantistes » (vous vous rappelez de la Révolution Gucci ?) et des « souverainistes », ce qui signifie que les tensions ou la guerre entre l’Iran et les États-Unis seraient extrêmement avantageuses pour le camp anti-américain en Iran (exactement comme la russophobie frénétique des politiciens occidentaux a fait davantage pour la réélection de Poutine que toute sa rhétorique de campagne). Pour le dire crûment, si les Israéliens sont assez stupides pour attaquer les Iraniens, et si les Américains sont assez soumis à Israël pour participer au combat, pourquoi la Russie prendrait-elle de grands risques et se mettrait-elle en travers du chemin ? Enfin, tout conflit avec l’Iran (qui impliquera très probablement aussi l’Arabie saoudite) provoquera une flambée des prix du pétrole. Selon vous, quel effet cela aura-t-il sur l’économie russe ?
Septièmement, la guerre que mène actuellement Israël contre l’Iran et les forces pro-iraniennes en Syrie est une guerre entièrement symbolique. La règle de base de la guerre reste valable aujourd’hui : si vous ne pouvez pas envoyer des bottes sur le terrain, vos efforts n’auront jamais d’effet militaire décisif. Et remercions Dieu que personne dans l’« Axe du bien » n’ait de forces crédibles sur le terrain ; ni les Israéliens (vous vous souvenez de 2006 ?) ; ni les Saoudiens (regardez le Yémen) ; et surtout pas les États-Unis (c’était quand la dernière fois qu’ils ont battu quelqu’un capable de résister ?). C’est la raison pour laquelle l’Empire anglo-sioniste essaie toujours d’utiliser des proxies comme les Kurdes ou les « bons terroristes », c'est-à-dire les Islamistes, pour combattre en leur nom. Les spécialistes militaires russes comprennent donc totalement que même si les Israéliens bombardaient la Syrie ces prochains mois, ils ne seraient pas en mesure de modifier fondamentalement le rapport des forces sur le terrain. Par conséquent les frappes israéliennes sont principalement une question de relations publiques.
Pourtant, pour toutes ces raisons, et d’autres, nous devons tous accepter le fait que la Russie est ce que j’appellerais un « acteur limité » au Moyen-Orient. En outre, j’ai essayé d’expliquer que les Russes ne sont soumis à aucune obligation de protéger ou de sauver qui que ce soit où que ce soit, y compris au Moyen-Orient (voir ici). Enfin, j’ai essayé d’expliquer que les relations entre la Russie et Israël sont complexes et à plusieurs niveaux (voir ici) et que Poutine affronte une énorme opposition interne qu’il a échoué à combattre (voir ici).
Assurément, les Israéliens ne veulent pas donner l’impression qu’ils dirigent la Russie comme ils dirigent les États-Unis, et la récente réception de Netanyahou au Kremlin a déjà fait froncer beaucoup de sourcils, et l’impression que Poutine cédait aux demandes de ce bâtard arrogant n’aide pas celui-ci – pour user d’un euphémisme. Beaucoup d’analystes russes (Viktor Baranets, Maxime Chevtchenko, Leonid Ivachov) se demandent quel genre d’arguments Netanyahou a utilisés avec Poutine, et la liste des possibilités n’est pas du tout inspirante.
En ce moment, nos toujours courageux Européens sont occupés à remettre le prix Eurovision à une Israélienne (les prix Eurovision sont toujours décernés à des pays que les dirigeants de l’UE veulent soutenir) tandis que les mêmes Israéliens « célèbrent » la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem en assassinant 55 Palestiniens (et ont promis d’en assassiner beaucoup d’autres). …
À propos du fiasco des S-300
Toute l’affaire des S-300 pour la Syrie a été un affreux gâchis mais, de nouveau, davantage dans le domaine des relations publiques que dans le monde réel. Le constant « nous livrerons, non, nous ne livrerons pas, oui, nous le ferons, non, nous ne le ferons pas » crée une impression épouvantable. Les explications pour ce zigzag ne font qu’aggraver les choses. Regardons ce que ceux qui ne désapprouvent pas ce zigzag en disent. Leurs arguments sont plus ou moins les suivants :
  • Les S-300 mettraient en danger l’armée de l’air israélienne non seulement en Syrie, mais aussi au Liban et même en Israël. C’est exagéré parce que la Russie n’est jamais allée en Syrie pour mener une guerre contre Israël. Donc toute l’idée de livrer des S-300 à la Syrie était mauvaise dès le départ.
  • La Syrie n’a pas vraiment besoin de S-300. Lavrov et d’autres disent que les S-300 sont une menace (parce que les Israéliens craignent vraiment ce système), mais en réalité, ce dont la Syrie a besoin, ce sont des Buk-M2E (voir l’analyse en russe et sa traduction automatique ici).
  • Les Russes ont passé un accord avec Israël et, en échange de la non-livraison des S-300 (voir l’analyse en russe et la traduction automatique ici), ils obtiennent quelque chose de très concret : Israël cessera de soutenir les « bons terroristes » en Syrie, ce qui permettra à Damas d’en finir plus facilement avec eux.
Je n’aime pas beaucoup ces arguments, à part le second. D’abord, je suis d’accord que le Buk-M2E est un système très moderne et très performant, qui comporte des avantages sur le S-300 dans le contexte syrien, mais j’ajouterais que la phrase infâme, « la Syrie a obtenu tout ce dont elle a besoin » est une déclaration absolument terrible et ridicule (lire la critique dévastatrice de Marko Marjanović dans son article « Israel Took out a Syrian Pantsir Air Defense Unit, S-200 Radars. Russia : ‘No S-300 Transfer, Syria Has All It Needs’ » (Israël a détruit une unité de défense aérienne syrienne Pantsir, des radars S-200. La Russie : ‘Pas de transfert de S-300, la Syrie a tout ce dont elle a besoin’) pour Russia Insider). Je pense que ce « la Syrie a tout ce dont elle a besoin » est de nouveau un de ces désastres de relations publiques auto-infligé et une déclaration totalement ridicule jusqu’à ce que vous alliez plus loin.
Je crois toujours que le Pantsir est la clé du résultat de la bataille pour l’espace aérien syrien. Avec suffisamment de Pantsirs déployés et en état d’alerte (pas comme celui que les Israéliens ont récemment détruit) et totalement intégrés dans un réseau de défense aérienne unique, les Syriens seraient capables de montrer une capacité de défense aérienne très robuste, à un coût relativement faible, sans offrir aux Israéliens des cibles de grande valeur.Les Pantsirs peuvent faire face à la plupart des menaces américaines et israéliennes même si, contrairement à leurs homologues S-300/S-400, ils ne peuvent pas s’attaquer à des avions sur une longue distance (d’où la suggestion de déployer quelques Buk-M2E pour s’approcher de cette capacité). La vérité est que les S-300 n’ont jamais été conçus pour opérer de manière plus ou moins autonome ou pour intercepter des missiles de croisière ou des bombes. Oui, ils peuvent le faire, mais ils ont été conçus pour traiter des cibles de grande valeur à longue portée et dans un système à multiples niveaux incluant de nombreux autres systèmes, comme les Buks, Tors, Pantsirs et même les MANPAD Iglas et Verbas. Ce système de défense aérienne à plusieurs niveaux est actuellement absent en Syrie et il faudrait beaucoup de temps et d’argent pour le déployer. En revanche, les Pantsirs peuvent fonctionner de manière totalement autonome, peuvent détecter n’importe quelle cible à 50 km, la suivre et l’engager à 20 km, se protéger et protéger les autres avec des canons de 30 mm jusqu’à 3 km. Les Pantsirs peuvent même le faire en se déplaçant à 30 km/h en terrain accidenté. Cela en fait un système de défense aérienne extraordinairement efficace et d’une grande capacité de survie, relativement facile à cacher, à déployer et à engager sans avertir l’ennemi. D’ailleurs, le Pantsir peut aussi utiliser à la fois ses canons de 30 mm et ses missiles contre des cibles au sol, y compris des blindés. Aucun système de défense aérienne actuel ne peut se vanter d’une telle combinaison de capacités.
La Russie doit livrer à la Syrie autant de ces Pantsir-S1 que c’est physiquement possible. Un grand nombre de Pantsir en Syrie donnerait beaucoup plus de maux de tête à Israël et aux États-Unis que quelques S-300. Actuellement, il y a quelque chose comme 40 à 60 de ces Pantsirs en Syrie. C’est loin d’être suffisant si l’on songe à l’ampleur de la menace et aux capacités de celle-ci. Ce nombre doit être au moins doublé.
Cependant, et indépendamment des aspects techniques et militaires concrets, les zigzags russes ont fait une impression terrible sur le monde : les Israéliens attaquent un allié russe, puis les Russes promettent de faire quelque chose, puis Netanyahou va en Russie, et Poutine lui cède docilement. Tout cela est un plantage politique auto-infligé massif et encore une nouvelle faute majeur de Poutine et des autres dirigeants russes.
Franchement, la principale erreur russe ici a été de toujours mentionner les livraisons de S-300 aux Syriens.
Conclusion No 1 : le soutien à Poutine et à la Russie doit être conditionnel
Ici, nous pouvons observer un paradoxe : Poutine a critiqué à de nombreuses reprises l’immoralité de la société occidentale et des politiques impériales (les critiques les plus fameuses à Munich et à l’ONU). Mais Poutine n’a jamais rien dit de l’immoralité de l’État d’Israël. Et pourtant Israël est le centre de gravité, le nœud de tout l’Empire anglosioniste, en particulier depuis que les néocons ont transformé Trump en leur laquais soumis. Dans ce domaine, et en de nombreux autres, la Russie doit suivre l’exemple de l’Iran dont les dirigeants ont fait preuve de beaucoup plus de moralité et de politique fondées sur des principes bien que l’Iran soit beaucoup plus petit et comparativement plus faible que la Russie.
Et cela, à son tour, signifie que ceux d’entre nous qui sont opposés à l’Empire et soutiennent Poutine et la Russie doivent impérativement subordonner ce soutien à un ensemble de principes moraux et spirituels, et pas sur une loyauté du genre « mon pays, à tort ou à raison » ou, encore moins, sur une erreur du type « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Si Poutine devait continuer dans ses apparentes tentatives d’apaiser les Israéliens, un nouveau type d’opposition interne à son gouvernement pourrait gagner en puissance en Russie et de nouvelles tensions internes pourraient venir s’ajouter aux tensions extérieures existantes.
Conclusion numéro 2 : la quête de « valeurs russes »
Les ambiguïtés politiques russes sont le résultat direct du fait que la Russie, dans son ensemble, n’a pas encore défini ce que sont vraiment les « valeurs russes ». La Russie historique a été fondée sur le christianisme patristique et le modèle civilisationnel romain, et l’Union soviétique sur le marxisme-léninisme. Les années 1990 ont signé le triomphe total du règne désastreux du capitalisme et de la corruption. Mais contrairement au Hezbollah et à l’Iran, la « nouvelle Russie » (comme j’aime l’appeler) n’est pas basée sur autre chose qu’une Constitution écrite principalement par des conseillers américains et leurs mandataires et une opposition générale au modèle civilisationnel occidental (en particulier depuis 2014). Être contre quelque chose n’est pas une position politique ou morale inspirante ni même tenable (comme les Garde blancs l’ont découvert pendant la guerre civile russe). De plus, dans sa confrontation avec un Empire anglosioniste qui ne défend absolument rien sinon de bas instincts, la Russie doit être pour quelque chose, et pas seulement contre quelque chose d’autre. Tant que la Russie ne définira pas et ne proclamera pas fermement un ensemble de valeurs spirituelles et morales qu’elle veut défendre, les zigzags actuels continueront et les politiques russes s’avèreront au mieux incohérentes.
Il est très probable qu’Israël va réussir à provoquer une attaque américaine contre l’Iran. Si/quand cela arrivera, cela déclenchera une crise politique en Russie parce que l’espace pour les actuelles ambiguïtés sera considérablement réduit. Pour des raisons morales et pragmatiques, la Russie devra décider si elle peut se permettre d’être spectatrice ou non. Ce ne sera pas un choix facile car il n’y aura pas de consensus au sein des élites dirigeantes sur ce qu’il faut faire. Mais les enjeux seront trop élevés et les conséquences de l’inaction seront extrêmes. Mon espoir est qu’un conflit militaire majeur entraîne une forte augmentation du pouvoir et de l’influence du « lobby » militaire au Kremlin. Finalement et inévitablement, la question d’Israël et du sionisme devra être réexaminée et le lobby pro-israélien en Russie devra être traité, de peur que la Russie suive la même voie d’autodestruction que les États-Unis. Pour cette raison, le concept de « véritable reconquête de la souveraineté » est le seul slogan/but patriotique que les souverainistes eurasiens doivent continuer à promouvoir (quelle que soit la terminologie utilisée) parce qu’il pointe les vrais problèmes dans les politiques intérieure et extérieure de la Russie, qui doivent être abordés et résolus. Ce sera un processus long et difficile, avec des victoires et des reculs.
Le 17 mai 2018 – Source Le Saker Francophone
Les ajouts dans cette couleur sont d'Hannibal Genséric
VOIR AUSSI :

La patience exaspérante de la Russie : Pourquoi ne riposte-t-elle pas lorsqu'elle est attaquée?



3 commentaires:

  1. LA LETTRE PIKE/MAZZINI EST DATEE 1871.
    LES ILLUMINATI QUI L'ONT ECRITE FERONT ECLATER LA TROISIEME GUERRE MONDIALE PAR LE BIAIS D'UN GIGANTESQUE FALSE FLAG, CAR PERSONNE EST SI FOU ET SUICIDAIRE AU POINT DE DECLENCHER UNE GUERRE NUCLEAIRE, MEME EN REPONSE LEGITIME AUX PLUS EFFRONTEES PROVOCATIONS.
    LA MEME TACTIQUE A ETE PRATIQUEE DANS LES DEUX PRECEDENTES GUERRES MONDIALES ET, VRAISEMBLABLEMENT, DANS TOUTES LES GUERRES DES DERNIERS SIECLES. IL S'AGIT DE PROVOQUER UN ATTENTAT DE FACON QU'ON PUISSE ACCUSER L'ENNEMI AUX YEUX DES NAIFS ET AVOIR LE PRETEXTE DE LUI FAIRE LA GUERRE.
    POUR DES GENS QUI POSSEDENT PRESQUE LE MONDE ENTIER, PROVOQUER UN FALSE FLAG EST TOUT AUTRE QU'IMPOSSIBLE.
    LE MONDE EST GOUVERNE (DEPUIS DES MILLENAIRES) PAR DES POUVOIRS OCCULTES SATANIQUES QUI PRATIQUENT TOUS GENRE DE SORCELLERIE ET SANS AUCUN SCRUPULE, PRESQUE DES DEMONS INCARNES, ANIMES PAR LA HAINE DE DIEU ET DE SA CREATION.
    LES HOMMES POLITIQUES ET LES JOURNALISTES “OFFICIELS” EN PARTICULIER, SONT DES MARIONNETTES QUI OBEISSENT ET AGISSENT SELON LEUR PLAN, SANS QUE LA PLUPART D'EUX EN SOIENT CONSCIENTS. SEULEMENT LES MEMBRES DE TRES HAUT NIVEAU SAVENT CLAIREMENT CE QU'ILS FONT.
    TOUS LES AUTRES VIP, CAPTURES PAR LEUR CONVOITISES, AGISSENT POUR LE POUVOIR, L'ARGENT, LA CELEBRITE, ETC. ETC.

    http://prophecyinthemaking.blogspot.com/

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  2. comme nous ne pouvons rien,préparons-nous à mourir quand cela arrivera,laissons-les au pouvoir pour qu'ils puissent finaliser leurs plans pour le monde,nous sommes 99 pourcent contre 1 pourcent, mourrons en ...

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